Résumé de la 10e partie n Sur le chemin du funérarium, Alvirah pense à ses deux amies Kate et Bessie Durkin. Celle-ci avait mis le grappin sur le juge qui l?employait et l?avait épousé. Alvirah répondit à son mari : «Tu as raison, elle adorait cette maison. Et franchement, elle remplissait à la perfection sa tâche. C'était une parfaite maîtresse de maison et elle cuisinait divinement. Sitôt prêt, sitôt servi. Avec elle, le juge a vécu comme un coq en pâte.» Willy n'avait jamais porté Bessie Durkin dans son c?ur. «Elle savait ce qu'elle faisait. Le juge n'a duré que huit ans. Bessie a hérité de la maison ainsi que d'une rente confortable, elle a invité Kate à la rejoindre, et c'est elle ensuite qui a vécu comme un coq en pâte. ? Kate est une sainte, admit Alvirah. Naturellement, la maison lui appartiendra maintenant que Bessie n'est plus là. Elle aura une rente, également. Elle devrait vivre à l'aise, dorénavant.» Ragaillardie par sa remarque pleine d'optimisme, elle jeta un coup d'?il par la fenêtre. «Oh, Willy, regarde ces décorations de Noël à toutes les fenêtres ! Elles sont si jolies. Dommage que Bessie soit morte si peu de jours avant les vacances ; elle aimait tellement cette période. ? Nous ne sommes que le 4 décembre, fit remarquer Willy. Elle n'a pas raté Thanksgiving, en tout cas ! ? C'est vrai. Et je suis heureuse que nous l'ayons fêté avec elle et Kate. Te souviens-tu de son appétit quand elle a mangé sa dinde ? Elle n'en a pas laissé une miette. ? Pas plus que du reste, fit Willy. Nous y voilà.» Comme leur taxi se garait le long du trottoir, un employé du funérarium vint leur ouvrir la portière et, d'une voix sourde, leur annonça que Bessie Durkin Maher reposait dans le salon est. Ils parcoururent lentement le couloir à sa suite. Les effluves lourds et sucrés des fleurs emplissaient l'atmosphère. «Ce genre d'endroit me fiche la chair de poule, marmonna Willy. Ça sent toujours l'?illet fané.» Dans le salon situé à l'est, ils rejoignirent un groupe d'une trentaine de personnes, parmi lesquelles Vic et Linda Baker, le couple qui louait le dernier étage de la maison de Bessie. Ils se tenaient auprès de Kate à la tête du cercueil et, comme les membres de la famille, recevaient les condoléances en même temps qu'elle. «Qu'est-ce que ça signifie ?», murmura Willy à Alvirah comme ils attendaient leur tour pour exprimer leur compassion à Kate. De treize ans plus jeune que sa redoutable s?ur, Kate était une vigoureuse septuagénaire couronnée d'un casque de cheveux blancs, et dont les yeux bleus au regard vif et chaleureux étaient, en ce moment, emplis de larmes. Bessie avait passé sa vie à la houspiller, se rappela Alvirah, entourant Kate de ses bras. «C'est ce qui pouvait arriver de mieux, Kate, dit-elle fermement. Si Bessie avait survécu à cette attaque, elle aurait été complètement invalide et ne l'aurait pas supporté. ? Tu as raison, dit Kate en essuyant une larme. Elle ne l'aurait pas supporté. Je crois que je l?ai toujours considérée à la fois comme ma s?ur et ma mère. Elle pouvait se montrer rigide par certains côtés, mais elle avait bon c?ur. ? Elle va nous manquer», dit Alvirah, entendant Willy soupirer derrière elle. (à suivre...)