Résumé de la 1re partie n Après 8 ans de mariage, le pasteur Harding n?a pas d?enfant. Sa femme refuse la vie conjugale. Il redouble d?ardeur religieuse, jusqu?au jour où Myriam Johnson émerge dans sa conscience? Myriam a dix-sept ans. Elle vient aider au temple depuis qu'elle est petite fille. Denis l'a longtemps considérée comme son enfant. Et maintenant, dans ses sermons, c'est involontairement à elle qu'il s'adresse. Le dimanche, elle est là au premier rang, dans ses robes sages qui lui vont si bien. C'est à elle qu'il pense quand, la veille au soir, il rédige ses sermons, alors que Lylia est déjà couchée. Ce sont ses réactions qu'il guette quand, le lendemain, il les prononce. Myriam Johnson est blonde comme Lylia, mais à part cela, elles n'ont rien de commun. Myriam n'a pas cet air évanescent, évaporé qu'a sa femme. En dehors des offices, elle est pleine de vie. Ses lèvres ne sont pas, comme celles de Lylia, perpétuellement fermées dans le même pli pincé, elles sont charnues au contraire et s'animent pour sourire, pour rire. Et, bien que le pasteur n'en ait qu'une sensation confuse, de corps, Myriam est l'inverse de Lylia. Autant sa femme est élancée et mince, autant la jeune fille est robuste, épanouie. Les mois passent... Le pasteur Denis Harding atteint des sommets dans son ministère. Ses sermons sont empreints d'une fougue, d'un enthousiasme, d'une religiosité si élevés qu'on vient de plusieurs paroisses environnantes pour les entendre. Lui ressent un sentiment de plénitude. Malgré sa vie conjugale décevante, il a trouvé son équilibre. L'intérêt qu'il porte à Myriam Johnson ne l'inquiète nullement. C'est la plus dévouée, la plus fidèle de ses paroissiennes et s'il prend plaisir à la regarder, c'est seulement qu'il rend hommage à la création du Seigneur. Pourtant, c'est alors, en novembre 1972, que se produit un événement qui devrait l'éclairer. Peu de temps avant ses dix-huit ans, Myriam vient le voir après l'office. «Monsieur le Pasteur, je vais bientôt avoir besoin de vous.» Le visage de Denis Harding s'illumine mais, avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Myriam continue, avec un charmant sourire : «Je vais me marier.» Le pasteur Harding ressent une sorte de vide à l'intérieur... Par la suite, quand il a essayé d'analyser cette curieuse sensation, il a conclu que la raison de son malaise était la personnalité du fiancé de Myriam : George Bertham, le fils d'un fermier d'un village voisin, un garçon brutal, grossier, qui ne la rendrait certainement pas heureuse. Mais il se trompait : ce n'était pas en apprenant l'identité du fiancé qu'il avait eu cette réaction, c'était avant qu'elle ne lui cite aucun nom... Après avoir sermonné en vain Myriam sur les dangers de cette union, Denis finit par lui dire, d?un ton plus ému qu'il ne le voudrait : «Tu viendras quand même me voir de temps en temps ?» Myriam promet et, quelques semaines plus tard, le pasteur Denis Harding célèbre son union avec George Bertham. A partir de cette date, ses paroissiens remarquent un changement dans ses sermons. Son éloquence, toujours aussi brillante, se fait plus dure. Le ton de ses prédications devient plus sombre. Maintenant, le pasteur Harding condamne le péché avec une violence qu'on ne lui avait jamais connue. Il fait même passer un frisson dans le temple quand il dénonce, l'index levé vers le ciel, le péché de chair, le plus abominable de tous, même dans le mariage. C'est un peu plus d'un an plus tard, en avril 1974, que le destin ? ou le diable ? entre en scène. (à suivre...)