«Il faut bien se convaincre qu'une augmentation générale des revenus du travail, sans contrepartie d'une amélioration du niveau réel de productivité, menacerait la stabilité macroéconomique rétablie au prix de longues années d'efforts et de souffrance ainsi que la viabilité de nombreuses entreprises, avec tous les effets que l'on peut imaginer sur le niveau de l'emploi.» C'est ce qu'a affirmé le président de la République dans son discours prononcé, ce jeudi matin, au palais des Nations qui abritait la cérémonie de commémoration du 50e anniversaire de la création de l'Union générale des travailleurs algériens. Très attendu sur la question de l'augmentation des salaires, le chef de l'Etat a opposé donc une fin de non-recevoir à cette revendication syndicale de nombreux secteurs. Il a clairement fait entendre que la conjoncture actuelle ne se prêtait nullement à une telle mesure et ce malgré l'embellie due à une hausse sans précédent des prix du pétrole. «Cette chance exceptionnelle, pour notre pays, d'avoir entre les mains les possibilités de régler les problèmes fondamentaux, ne saurait être gaspillée au profit d'une politique de facilité», a-t-il justement affirmé à ce propos, précisant plus loin: Nos choix stratégiques ne sauraient être remis en cause par des impatiences, sans doute légitimes aux yeux des intéressés eux-mêmes, mais qui détruisent la possibilité réelle d'éradiquer le chômage et oblitèrent l'avenir des générations futures.» «L'Algérie doit apprendre à ne plus compter sur la rente pétrolière», d'autant que cette source de revenus, «unique, est limitée dans le temps», a encore insisté le chef de l'Etat ajoutant : «Cette rente devra être consacrée à nous prémunir de retournements éventuels du marché pétrolier, en alimentant le volet incompressible des dépenses publiques et à ménager un minimum de solidarité entre les générations et les différentes catégories sociales.» «Gardons-nous, en cette période d'aisance financière toute relative, de céder, une nouvelle fois, aux sirènes de la démagogie, du laxisme et de l'affairisme débridé, alors que la conjoncture actuelle du marché des hydrocarbures risque de se renverser à tout moment», a-t-il averti.