Résumé de la 2e partie n La colonisation a défiguré la cité millénaire et bouleversé les équilibres. Il faudra plusieurs années avant que la population algéroise ne retrouve son niveau d?avant 1830. On dit que Omar est venu à Alger à pied : on ne sait si ce détail est véridique ou fait partie de la légende, mais il est tout à fait plausible. A l?époque, les gens marchaient beaucoup, non seulement pour faire des économies sur le transport, mais aussi parce qu?ils avaient l?habitude de marcher. Dans les longs voyages, les hommes observaient des haltes, dormant à la belle étoile ou alors, quand ils traversaient des agglomérations, dans les mosquées. Pour se nourrir, ils pouvaient compter sur la générosité de la population, sinon, ils ne mangeaient pas et, à l?aube, reprenaient leur route. Voici donc Omar à Alger. On dit encore qu?il est arrivé en guenilles : son pantalon tombait en lambeaux, et, pour se cacher, il devait se serrer ? en plein mois d?août ! ?dans son burnous crasseux et rapiécé à plusieurs endroits. Inutile de dire qu?il n?avait pas un sou en poche, mais il savait où aller : la rue de la Lyre où se trouvent quelques gars de son village. Mais où trouver la rue de la Lyre. En tout cas, ce n?est pas ce «jardin» où il vient d?atterrir ? en fait le Square Bresson, l?actuel Square Port-Saïd : il y a plein d?Européens et les seuls Algériens qu?il voit sont des enfants ? en guenilles comme lui, qui cirent les chaussures des Européens ! C?est à un de ces enfants qu?il finit par s?adresser. «La rue de la Lyre? demande-t-il timidement. ? La rue de la Lyre ? C?est par là !» Le chemin indiqué n?est pas difficile à suivre. Omar s?engage dans une rue étroite, où il y a plein de boutiques. A quelques mètres à peine du square, ce n?est déjà plus la ville européenne. Et il faut dire que l?homme se sent plus à l?aise. Il n?a pas encore trouvé ce qu?il cherche ? quelqu?un de son pays ? mais il sent que ça ne va pas tarder. Il s?engage, au hasard, dans une ruelle, quand deux mains solides le saisissent par la taille et le serrent fortement. «La bourse ou la vie !» Il essaye de se dégager, mais il n?y parvient pas. «Je n?ai pas d?argent ! dit-il, je viens d?arriver du village? ? De quel village viens-tu ? demande l?homme qui le tient. ? De S.», lâche-t-il d?une voix étouffée. L?étau des mains se desserre aussitôt. Il peut voir son agresseur de face : un homme d?une taille gigantesque, avec de grosses moustaches et un regard d?assassin. «Comment t?appelles-tu ? Quel est le nom de ton père, de ta mère... ?» Il répond aux questions et l?homme, presque penaud, dit : «Moi aussi je suis de S. Nous sommes cousins?» Il décline son identité, celle de son père et de sa mère? C?est, en effet, un cousin de Omar. Il a entendu parler de lui, mais il ignorait qu?il détroussait les gens à Alger. Comme pour s?excuser de l?avoir agressé, le cousin l?invite à manger avec lui? (à suivre...)