Résumé de la 3e partie n Les deux femmes, qui se disputaient le maire, sont mortes et avec elles dix-sept autres. Le maire, lui, est connu pour son penchant pour les femmes. Pendant deux jours, le commissaire Togo va s'asseoir sur le banc au-dessous des saules pleureurs. Il attend, le regard perdu dans le paysage. Et puis, à la fin du deuxième jour, un peu avant le crépuscule, il y a un pas derrière lui... Kano Kitawa, le maire de Nabari, vient s'asseoir sans dire un mot. Le commissaire ne dit rien non plus et les deux hommes contemplent en silence le soleil qui se couche. Cette fois, l'heure de la vérité est venue... A l'instant précis où le soleil disparaît, Kano Kitawa prend la parole : «C'est moi le coupable, monsieur le commissaire. ? Pourquoi vous accusez-vous maintenant ? ? Parce que vous avez arrêté cette jeune femme, Timi Juro. Ce n'est pas elle. Je ne peux pas supporter qu'une innocente paie pour moi.» Le maire de Nabari s'arrête un instant. Tout comme son interlocuteur il regarde droit devant lui le paysage. «L'homme est un être bien curieux, monsieur le commissaire. Je n'ai pas hésité à tuer dix-neuf personnes et je ne peux pas tolérer que quelqu'un paie à ma place. Mais peut-être l'aviez-vous deviné et aviez-vous arrêté Timi Juro précisément pour cela ? ? Je savais seulement que la vérité serait lente à venir et je voulais lui laisser le temps nécessaire. Je vous écoute, monsieur Kitawa. ? Je suis le plus odieux des criminels. Pour que mon meurtre passe inaperçu, j'ai dissimulé ma victime au milieu de dix-huit autres. ? Qui vouliez-vous tuer ? Votre femme ? Votre maîtresse Mitsuko ? ? Ma nièce Sakai...» Le commissaire Togo revoit cette jeune fille de dix-huit ans, aux allures de poupée de porcelaine, dont la mort avait préservé la grâce. Ni lui ni personne n'avait pensé à elle. Et pourtant, c'était elle le personnage capital de ce drame. C'est comme dans certains tableaux : ce n'est pas forcément ce qui est au centre qui est le plus important ; c'est souvent un petit détail dans un coin, comme le savent le peintre lui-même et le sage... «Sakai était votre maîtresse ? ? Elle était venue chez nous pour les vacances. Vous n'êtes pas forcé de me croire, mais c'est elle qui a tout fait pour me séduire. J'en suis tombé amoureux fou... Mais pas elle. Elle m'a appris en même temps qu'elle était enceinte et qu'elle allait tout révéler lors de la fête pour ma réélection. Alors, j'ai eu l'idée du porto et du cyanure. ? Vous avez eu peur du scandale ? ? Comprenez-moi, si elle parIait, je perdais tout : ma position sociale, ma femme. Je n'étais plus digne de vivre. ? Vous avez tout perdu, monsieur Kitawa... ? Sur le moment, je n'ai pas réfléchi. C'est après seulement que j'ai pris conscience. Exactement quand Timi Juro a été arrêtée. Je n'ai pas voulu qu'il y ait une autre victime.» Kano Kitawa sort une enveloppe de sa poche. «C'est ma confession écrite. Tout ce que je viens de vous dire est là-dedans. Pouvez-vous aller chez moi et dire que c'est là que vous l'avez trouvée ? ? Et vous ? ? Je ne m'enfuirai pas. Je ferai ce que je dois. Est-ce que vous avez confiance ? ? Oui, j'ai confiance. Comment allez-vous faire ?» Sans répondre, Kano désigne le volcan dans le lointain, surmonté d'un léger panache de fumée. Le commissaire hoche la tête... Dans la région, on l'a surnommé «le volcan des suicidés». Chaque année, plusieurs personnes se jettent dans son cratère, d'où s'échappent des colonnes de soufre. Ce sont souvent des amoureux, quelquefois des criminels... Le soleil est maintenant couché, mais il fait encore clair. Le commissaire Togo est resté seul sur le banc. Et voici qu'en bas à gauche, un personnage apparaît... Kano Kitawa s'est mis en marche sur le chemin qui serpente à travers les rizières et entame ensuite l'ascension du volcan. Sa silhouette s'amenuise... Le commissaire se lève et fait demi-tour. S'il était peintre, il reproduirait sur un paravent le paysage de Nabari, avec un petit personnage cheminant sur le sentier, en bas à gauche, à contre-jour. Le personnage principal, comme le savent le peintre lui-même et le sage...