Sophie est à un tournant de l'existence. Son mariage a capoté. Après dix ans d'un bonheur relatif, elle s'est aperçue de l'erreur qu'elle avait commise en épousant Jean-Philippe. Infidèle, capricieux, incapable de prendre ses responsabilités. Sophie a donc demandé et obtenu le divorce. Ainsi que la garde de leurs deux enfants : Mireille qui a treize ans, et Delphine qui en a douze. — Les filles, j'ai envie de faire planter un saule pleureur devant la porte de la maison. C'est tellement joli et, avec le terrain un peu humide du bord de la mare, ça fera une ombre très légère ! Mireille et Delphine, comme leur mère, adorent la campagne, les arbres, les fleurs et les petits oiseaux. Mais elles ont l'esprit pratique : — Et tu crois qu'il va pousser ? Tu sais comment on s'occupe d'un arbre ? Sophie répond : — Je suis allée chez l'horticulteur de La Ferté. Il viendra lui-même planter le saule et il passera de temps en temps pour voir si tout va bien. Ce saule pleureur va changer la vie de Sophie. L'horticulteur en question, PauI Hamechin, est un solide gaillard d'une quarantaine d'années. Il possède une moustache en guidon de vélo, des yeux cIairs qui respirent la franchise. — Vous allez bien boire quelque chose. Avec cette chaleur... C'est ainsi qu'au fil des visites, Paul fait mieux la connaissance de Sophie. ll lui révèle qu'il est divorcé, sans enfant. Elle lui raconte son propre parcours du malheur. PauI et Sophie comprennent très vite qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Mireille et Delphine trouvent PauI «vachement sympa» et elles le verraient très bien en chef de famille. Cela fait six ans que leur père a disparu du paysage... Sophie ne tarde pas à devenir la nouvelle Mme PauI Hamechin. Un jour, PauI confie à Sophie : — J'ai des problèmes avec mon entreprise d'horticulture. Je manque de place pour agrandir mes serres de primeurs. J'aimerais bien aller m'installer au Moureau, il y a une ferme de vingt hectares à vendre. Sophie ne voit rien à y redire : — Oui, allons-y. Si tu penses que c'est le mieux. Changeons de paysage ! Un dernier regard au saule pleureur qui leur a permis de se connaître, et toute la famille s'installe dans la vieille ferme du Moureau, dont le nom est «Pierrebelle». PauI et Sophie s'informent de l'origine de ce joli nom. Les gens du hameau leur donnent la réponse : — Il paraît qu'il y a un très vieux cimetière chez vous. On y a trouvé un sarcophage romain sculpté qui est au musée de Chinon. C'était ça, la «Pierrebelle». Après quelques mois de rénovation, «Pierrebelle» est fin prête pour la vie moderne. Cuisine, salle de bains, toilettes modernes, chauffage au fuel. PauI a mis à nu les poutres noyées dans le torchis. Les glycines, les rosiers et la vigne grimpent le long de la façade. Mireille et Delphine sont enchantées de leur nouveau domaine. — PauI, c'est incroyable, les fenêtres en aluminium que nous avons commandées ne vont pas du tout. Toutes les dimensions sont fausses ! — Ah bien alors, bravo ! Et c'est l'entrepreneur lui-même qui a pris les mesures. S'il travaille toujours comme ça il ne va pas tarder à faire faillite. L'entrepreneur a beau retourner le problème en tous sens, il ne comprend rien et accepte de refaire les châssis des fenêtres : — Je me demande comment j'ai fait mon compte. C'est la première fois que je me plante dans mes calculs. Un demi-centimètre, c'est quand même dingue ! Sophie décide qu'un portail électrique serait quand même plus commode pour faciliter les allées et venues de Paul et de sa camionnette : — Sinon, à chaque fois, il faut aller ouvrir et fermer ce gros portail. C'est tuant ! (à suivre...)