Lenteurs judiciaires, dépassements dans l?application de la procédure, manque d?informations sur le suivi de l?affaire, une décision de jugement qui tarde à venir,? Le justiciable algérien souffre véritablement des lacunes du système judiciaire. Le constat est fait non seulement au niveau du tribunal d?Alger Abane-Ramdane où les citoyens se plaignent, mais aussi dans la plupart des tribunaux et Cours d?Alger et certainement à travers l?Algérie. «On n?a pas de justice chez-nous», dénonce un employé de la Cnan rencontré, samedi matin, au tribunal d?Alger. Jugé et acquitté pour une affaire de clandestinité des passagers, voilà une année, cet employé relève les difficultés rencontrées pour accéder aux informations concernant son affaire. «Le greffier me dit qu?il n?arrive pas à trouver mon dossier en raison du nombre important des registres qu?il doit consulter avant», dit-il amèrement. «Ces informations sont nécessaires pourtant, précise notre interlocuteur, car le procureur a fait cassation et j?ai une audience dans moins d?un mois». Pis, ce citoyen a eu de sérieux problèmes avec son employeur après le retard accusé pour l?octroi de la décision du jugement. «Le tribunal a mis un an avant de me remettre le fameux document sans lequel j?étais handicapé car je n?ai pas pu rejoindre mon poste de travail avec une simple décision provisoire». Des cas comme celui-là, il en existe par centaines. Hamid, 29 ans, responsable au niveau d?une entreprise privée, souffre la même situation. «Cela fait environ une année que j?ai eu un non-lieu. Mon avocat n?a, pourtant, pas pu me procurer la décision du jugement, sans laquelle je ne peux pas refaire mon passeport afin de voyager», affirmant être appelé souvent à voyager dans le cadre professionnel, il précise que «cette situation m?a découragé et poussé à abandonner toute démarche pour obtenir cette décision». «On ne fait plus confiance à la justice. Car, elle est devenue un véritable labyrinthe, dès qu?un citoyen met les pieds dans un tribunal, il n?en sort plus», lance-t-il las. C?est le cas, aussi, pour cette mère de famille, assise à même le sol dans l?enceinte du tribunal d?Alger, qui souffre des lenteurs judiciaires. «Mon mari est mort, depuis un an, dans un accident de travail et je n?ai toujours pas été remboursé en raison des reports interminables de l?affaire», fait-elle remarquer. Cette veuve, sans ressources, a dû se procurer, à quatre reprises, les 5 000 DA pour s?assurer le transport de Mila?région où elle réside ? à Alger. Il est 12h 30. Les deux portes du tribunal se referment pour la pause déjeuner. Seul le grand portail reste ouvert. L?agent de l?ordre, installé à l?entrée, a du mal à contenir les dizaines de jeunes qui se bousculent pour entrer. «Le casier judiciaire et la nationalité sont retirés l?après-midi», lance-t-il à la foule. Une heure après, une queue interminable se forme au niveau du bureau des retraits de ces deux documents. Assis derrière un bureau, l?agent administratif, muni d?un stylo et de papier, travaille avec les moyens du bord. Impatients, les citoyens essayent de s?organiser eux-mêmes pour partir avec ce document. - Un autre cas plus édifiant, celui d?Ahmed, un jeune de 32 ans, dont l?affaire remonte à 1998. Victime d?un accident de la circulation à Rouiba, ce jeune homme a carrément vu disparaître son dossier au niveau du tribunal de Rouiba. «Comme le fils d?un haut responsable de l?Etat est impliqué dans cette affaire, on prétexte une disparition mystérieuse de mon dossier». Cette victime de la route et des dépassements de l?appareil judiciaire affirme, par ailleurs, que «bien avant, la nuit de l?accident, les policiers m?ont confisqué mes papiers pour me les remettre après plus de 36 heures, ce qui est illégal».