Les difficultés persistantes en Irak pour normaliser la situation, illustrées par l'intensification des attaques contre les troupes anglo-américaines, commencent à agiter la classe politique aux Etats-Unis alors que l'opinion publique et le Congrès s'inquiètent de plus en plus de risques d'enlisement. Si le président George W. Bush ne paraît pas pour le moment menacé politiquement, ?cette situation pourrait le mettre en difficulté pour sa réélection en novembre 2004 en l'absence d'amélioration en Irak et surtout sans une vraie reprise de l'économie américaine", selon Diana Carlin, professeur de sciences politiques à l'Université du Kansas. Le plus grand danger pour l'administration Bush serait que les Américains, oubliant leur exultation après la chute de Saddam Hussein, ne commencent sérieusement à s'interroger sur les dangers et les coûts de l'occupation et de la reconstruction de l'Irak au moment où un grand nombre d'entre eux souffrent des difficultés économiques, a-t-elle expliqué. Des signes d'inquiétude sont déjà perceptibles dans l'opinion comme le révèlent plusieurs sondages. Une récente enquête de l'Université du Maryland montre que 53% des personnes interrogées estiment que la reconstruction de l'Irak ne se passe pas bien et 69% jugent que l'ONU, et non les Etats-Unis, devrait en être chargée. Selon un autre sondage de CNN-USA Today publié début juillet, 42% des sondés pensent que l'après-guerre en Irak se passe mal contre seulement 13% début mai. Toutefois, l'image de M. Bush demeure encore très bonne comme le montre sa cote de popularité à 61% au début du mois, selon la dernière enquête Gallup. Ce sont 10 points de moins qu'en avril, en pleine guerre contre l'Irak, mais cela reste historiquement élevé, le président américain étant toujours perçu comme un leader énergique ayant répondu comme il le fallait aux attaques terroristes du 11 septembre 2001.