La popularité de Bush décline dans les sondages, alors que 1 850 morts américains sont dénombrés en Irak, dont plus de 50 en août. L'un des mois les plus meurtriers pour les GI's et marines depuis l'invasion du pays en mars 2003. “Nous devons terminer la tâche pour laquelle nos soldats ont donné leur vie et rendre hommage à leur sacrifice, en menant à terme la mission”, devait déclarer Bush depuis son ranch de Prairie Chapel, dans le Texas, où il passe cinq semaines de vacances. Pour convaincre, le chef de l'Administration américaine a ressassé sa conviction selon laquelle si les Etats-Unis n'affrontaient pas le terrorisme à l'étranger, les Américains devront les affronter un jour dans leurs propres villes et rues. Ses vacances sont perturbées depuis plus de dix jours par des anti-guerres, menés par Cindy Sheehan, la mère d'un marine tué à Bagdad en avril 2004, qui campent près de son ranch. Cindy demande à être reçue par Bush à qui elle entend demander de faire rentrer aux Etats-Unis les 138 000 soldats américains déployés en Irak. Elle est devenue le symbole du mouvement d'opposition à la guerre, qui laisse de plus en plus d'Américains sceptiques. Ce climat perturbe d'autant plus Bush, qu'à Bagdad, les difficultés à élaborer la Constitution de l'Irak post-Saddam ne sont toujours pas aplanies, en dépit des pressions de l'ambassadeur américain présent aux négociations entre les diverses tendances irakiennes. Même si les négociateurs irakiens se sont donné une semaine supplémentaire pour s'entendre sur un texte, jusqu'à demain, ce report a constitué une mauvaise nouvelle pour Bush, qui fait face à une grande pression politique pour fixer un calendrier de retrait des soldats américains, dont plus de 1 800 ont succombé aux tirs des terroristes. Bush, qui se veut toujours optimiste, est allé jusqu'à féliciter les négociateurs irakiens pour leurs efforts héroïques, tandis que sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, a estimé que la démocratie est en route en Irak. Or, rien n'annonce encore un accord entre les parties irakiennes, divisées non pas sur des questions de forme mais sur l'avenir même de leur pays. Un nouveau report de la remise de la Constitution au Parlement risquerait de plonger l'Irak dans une grave crise politique. L'Administration américaine fait comme si le transfert de la gestion de la sécurité aux Irakiens n'est plus qu'une question de temps. Le Pentagone revendique des progrès dans la formation des forces de sécurité locales et des avancées vers une autogestion des Irakiens. Rumsfeld, qui a cédé des bases à l'armée irakienne naissante, a évacué toute idée de repli de l'Irak, où la présence américaine sera maintenue, quoi qu'il arrive. Les signaux d'alarme commencent à affecter le Parti républicain, qui craint que le mécontentement contre la politique de Bush ne menace son assise. Le Congrès doit se renouveler partiellement en novembre 2006 et des sondages prédisent déjà le retour des démocrates. Des hommes politiques influents, comme le sénateur républicain Chuck Hagel, critiquent ouvertement la politique de Bush, qui maintient ses troupes contre l'insurrection qui, 28 mois après le renversement de Saddam, fait toujours rage. “Avec toutes ces victimes dans nos rangs, avec le milliard de dollars que nous dépensons là-bas chaque semaine, nous n'allons pas pouvoir tenir”, devait-il menacer sur CNN, ajoutant que “l'opinion publique ne laissera pas faire”. 54% des Américains estiment que la guerre est une erreur et 56% pensent qu'une partie ou la totalité des troupes américaines devrait rentrer, selon un récent sondage Gallup. D. Bouatta