Résumé de la 34e partie n Impatient de se rendre sur le tombeau du Prophète, Daoul'makân, accompagné de Nôzhatou, est parti discrètement de nuit et s?est mêlé au groupe de pèlerins. Et Allah leur écrivit la sécurité. Aussi ne tardèrent-ils pas à arriver tous en paix à La Mecque Sainte. Là, Daoul'makân et Nôzhatou furent à la limite de la joie en arrivant sur le mont Arafat et en accomplissant, d'après le rite, les obligations sacrées ; et quel ne fut pas leur bonheur en faisant le tour de la Kaâba ! Mais ils ne voulurent pas se contenter de La Mecque et poussèrent la dévotion jusqu'à aller à Médine vénérer la tombe du Prophète (que sur lui soient la prière et la paix !). Alors, comme le retour des pèlerins dans leur pays allait avoir lieu, Daoul'makân dit à Nôzhatou : «O ma s?ur, je désire fort maintenant visiter en outre la ville sainte d'Abraham, l'ami d'Allah, celle que les juifs et les chrétiens nomment Jérusalem.» Et Nôzhatou dit : «Et moi aussi !» Alors, après s'être bien mis d'accord à ce sujet, ils profitèrent du départ d'une petite caravane pour se mettre en route pour la ville sainte d'Abraham. Après un voyage fort difficile, ils finirent par arriver à Jérusalem ; mais, en route, Daoul'makân et Nôzhatou eurent des accès de fièvre froide ; la jeune Nôzhatou, après quelques jours, finit par guérir ; mais Daoul'makân continua à être malade et son état ne fit que s'aggraver. Aussi, à Jérusalem, ils louèrent une petite chambre dans un des khâns, et Daoul'makân s'étendit dans un coin, en proie à la maladie ; et cette maladie empira d'une si grave façon que Daoul'makân finit par perdre entièrement connaissance et entra dans la période du délire. Et la bonne Nôzhatou ne le quittait pas un instant, et était fort soucieuse et fort chagrinée, ainsi seule dans un pays étranger, sans personne pour la consoler et l'aider. Et comme la maladie ne s'éliminait pas et durait déjà depuis un temps assez long, Nôzhatou finit par épuiser ses dernières ressources, et n'eut plus un seul drachme entre les mains. Alors elle envoya au souk des crieurs publics le garçon qui servait les voyageurs au khân, après lui avoir donné un de ses propres vêtements pour qu'il le vendît et lui rapportât quelque argent. Et le garçon du khân le fit. Et Nôzhatou continua à agir de la sorte et à vendre tous les jours quelque chose de ses effets, pour soigner son frère, jusqu'à épuisement complet de tout ce qu'elle avait. Et il ne lui resta plus, pour tout bien, que les habits vieux dont elle était vêtue et la vieille natte en loques qui leur servait de couche, à elle et à son frère. Alors, se voyant dans ce dénuement, la pauvre Nôzhatou se prit à pleurer en silence. Mais le soir même, Daoul'makân, par la volonté d'Allah, reprit connaissance et se sentit un peu mieux et, se tournant vers sa s?ur, lui dit : «O Nôzhatou, voici que je sens les forces me revenir, et j'ai une bien grande envie de manger une brochette de petits morceaux de viande grillée de mouton.» Et Nôzhatou lui dit : «Par Allah ! ô mon frère, comment faire pour acheter la viande ? Je ne puis me résoudre à aller demander l'aumône aux gens charitables ! Mais, sois tranquille, dès demain j'irai chez quelque riche notable et je m'engagerai chez lui, comme servante. Et de la sorte je pourrai gagner le nécessaire. Et, en tout cela, il n'y a qu'une seule chose qui me coûte, c'est d'être obligée de te laisser seul pendant la journée. Mais que faire ? Il n'y a de force et de puissance qu'en Allah le Très-Haut, ô mon frère ! et Lui seul peut nous faire retourner dans notre pays !» Et Nôzhatou, à ces paroles, ne put s'empêcher d'éclater en sanglots. (à suivre...)