Résumé de la 60e partie n Nôzhatou, dont le corps était un miroir immaculé et une chair d?encens, allait vivre sa nuit de noces. Sans le savoir, elle et son frère Scharkân ont commis l?inceste. Cela fini, Scharkân fit venir son secrétaire particulier et lui ordonna d'écrire, sous sa dictée, à son père, le roi Omar Al-Némân, qu'il avait épousé une jeune fille achetée à un marchand et douce de beauté, de sagesse et de toutes les perfections de la science et de la culture ; qu'il l'avait affranchie pour en faire son épouse légitime ; qu'elle venait, dès la première nuit, d'être enceinte de lui et qu'il avait l'intention de l'envoyer bientôt à Bagdad visiter le roi Omar Al-Némân, son père, sa s?ur Nôzhatou et son frère Daoul'makân. Puis la lettre écrite, Scharkân la cacheta et la remit à un courrier rapide qui partit aussitôt pour Bagdad et, au bout de vingt jours, revint avec la réponse du roi Omar Al-Némân. Et cette réponse était ainsi conçue... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Après l'invocation à Allah : «Ceci est de la part du désolé, du consterné, de l'accablé par la douleur et la tristesse, de celui qui a perdu son trésor d'âme et ses enfants, du malheureux roi Omar Al-Néman à son fils bien-aimé Scharkân. «Apprends, ô mon enfant, mes malheurs et sache qu'après ton départ pour Damas, je sentis tellement le logis se rétrécir sur mon âme que, n'en pouvant plus d'affliction, je partis à la chasse respirer l'air et tâcher de dissiper un peu mon chagrin. Et je restai ainsi à la chasse durant un mois, au bout duquel je rentrai dans mon palais et appris que ton frère Daoul'makân et ta s?ur Nôzhatou étaient partis pour le Hedjaz, avec les pèlerins de La Mecque Sainte. Et ils avaient ainsi profité de mon absence pour s'échapper ; car je n'avais pas voulu autoriser Daoul'makân, à cause de son jeune âge, à entreprendre le pèlerinage cette année-là ; mais je lui avais promis de partir avec lui l'année suivante. Et il ne voulut point patienter, et s'échappa de la sorte, avec sa s?ur, après avoir pris à peine de quoi subvenir aux dépenses de la route. Et je n'ai plus de leurs nouvelles. Car les pèlerins sont revenus sans tes frères ; et nuI n'a pu me dire ce qu'ils sont devenus. Et voici que maintenant je me suis vêtu pour eux de mes habits de deuil, et je suis noyé dans mes larmes et ma douleur. «Et ne tarde pas, ô mon fils, à me donner de tes nouvelles. Et je t'envoie mon souhait de paix à toi et à tous ceux qui sont chez toi !» Or, quelques mois après le reçu de cette lettre, Scharkân se décida à raconter le malheur de son père à son épouse, qu'il n'avait pas voulu troubler jusqu'alors à cause de sa grossesse. Mais maintenant qu'elle avait accouché d'une fillette, Scharkân entra chez elle et commença d'abord par embrasser la fillette. Et son épouse lui dit : «La fillette vient d'avoir sept jours d'âge ; Il te faut donc, selon la coutume, aujourd'hui que c'est le septième jour, lui donner un nom !» Alors Scharkân prit la fillette dans ses bras et, comme il la regardait, il vit à son cou, suspendue par une chaîne d'or, l'une des trois merveilleuses gemmes d'Abriza, l'infortunée princesse de Kaïssaria. (à suivre...)