"Hommage" Cheikh El-Hasnaoui est mort en exil. L?exil, il l?a connu dès 1937, en raison d?un amour malheureux, parce qu?il n?a pas pu épouser Fadhma, la femme qu?il a connue et qu?il a aimée. Il y a un an, aujourd?hui, que cheikh El-Hasnaoui, maître de la chanson chaâbie, s?est éteint. Il est décédé à l'âge de 92 ans, à l'île de la Réunion où il a passé les quatorze dernières années de sa vie. Il est né le 23 juillet 1920 à Taâzabt, à une dizaine de kilomètres de Tizi Ouzou. Au début des années 1930, il quitte son village natal pour s?installer à Alger (La Casbah), où il côtoie le grand maître du chaâbi, El-Hadj M?hamed El-Anka. Au début de la Seconde Guerre mondiale, El-Hasnaoui s?établit à Paris. Entre 1939 et 1954, il compose 29 chansons dont 17 en arabe. Durant la guerre de Libération, El-Hasnaoui interprète des chants patriotiques. De son vrai nom, Mohamed Khelouati, cheikh El-Hasnaoui est mort en exil, et l?exil, il l?a connu dès 1937, en raison d?un amour malheureux : parce qu?il n?a pas pu épouser Fadhma, la femme qu?il a connue et aimée. L?amour impossible et douloureux a ainsi poussé cheikh El-Hasnaoui à se mettre à l?écart, de façon douloureuse, de la vie publique, d?où une séparation dramatique qui le conduit à l?exil. D?ailleurs, l??uvre d?El-Hasnaoui aborde d?une manière explicite l'épreuve de l'exil avec toutes ses retombées néfastes : «éloignement de ceux qu'on aime, le déchirement des familles, la nostalgie ainsi que la douleur de la séparation...» Chez El-Hasnaoui, l'exil constitue le thème central, et la plus grande partie de son répertoire est justement consacrée à ce sujet. L'ensemble de ses chansons constitue «une trame narrative d'un roman chanté.» Dans la chanson La Maison Blanche, faisant référence à l'aéroport d'Alger, il décrit le départ massif de nombreux montagnards vers d'autres cieux plus enchanteurs, laissant derrière eux des villages vides où seuls les enfants et les femmes à qui incombe, dès lors, la responsabilité. En chantant d?une voix rocailleuse l?exil, El-Hasnaoui parle systématiquement de sa solitude, il évoque l?isolement de l?émigré, qui n?est autre que lui, une personne qui n?a pas de vie normale, qui n?a pas d?attache, où sa vie est faite d?errance, de déambulation et de pensées pour ceux qui sont loin. Il décrit si bien sa solitude dans Ya noujoum el-lil (Ô astres de la nuit). Cheikh El-Hasnaoui a arrêté sa carrière musicale en 1968, mais son ?uvre si grandiose, continue de dominer le paysage musical algérien, à être écoutée, et a inspiré, en conséquence, de nombreux artistes. De Matoub Lounès à Aït Menguellet, tous les chanteurs kabyles se sont inspirés de la discographie de cheikh El-Hasnaoui, aussi bien pour sa musique que pour sa thématique.