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A 12heures de vol, hommage à cheikh El Hasnaoui
Festival culturel Nord Africain de Montréal
Publié dans Le Maghreb le 10 - 11 - 2009


Cheikh El Hasnaoui n'est pas un artiste confiné dans une contrée close, il s'est surpassé et a surpassé les absurdes frontières. A 12 heures de vol, Alger, Montréal, son nom et son œuvre seront cités à la faveur du Festival Culturel Nord Africain de Montréal qui débute le 14 Novembre. La célébration de l'oeuvre de cet homme discret et incorruptible aura lieu à partir de 17h à l'Auditorium du Collège Notre-Dame, sous le thème Exil et Musique. Un hommage donc à El Hasnaoui, l'artiste à la voix et au style uniques qui sait sentir et faire ressentir autant les déchirements que les amours.Au menu de ce rendez-vous il y aura des conférences et des débats animés entre autres par Mehana Amrani, universitaire, auteur et chercheur sur le discours social et la littérature à l'université Mc Gill à Montréal. Puis le soir, il y aura un récital musical signé El Hasnaoui Amechtouh , Madjid Ait Rahmane pour l'état civil, qui fera le vol Alger, Montréal juste pour çà, lui qui se considére comme l'authentique héritier du maître. Celui-ci animera aux côtés de Azzedine EL Maghrabi, eux mêmes accompagnés d'un orchestre chaâbi. La soirée musicale puisera dans le large répertoire du maître cheikh El Hasnaoui. Disparu il y a à peine sept ans dans l'Ile de la réunion où il s'était exilé, la vie de Cheikh El Hasnaoui, un monument de la chanson chaâbie ; nous parait aujourd'hui aussi discrète que casanière. Un colloque scientifique lui été consacré l'an dernier à la maison de la culture de Tizi- Ouzou. Vivant semble- t-il en vase clos dans l'Ile de la réunion, beaucoup de chercheurs et musicologues n'ont à ce jour pu élucider le mythe qui entoure ce personnage et se rapportant à une lointaine histoire d'amour qu'aurait vécue l'homme dans sa terre natale d'Ihasnaouène en grande kabylie. Un amour contrarié pour sa cousine Fadhma à qui il consacra plusieurs titres, l'aurait forcé à se " déraciner " complètement de sa contrée pour d'autres plus lointaines. C'est ainsi que s'expliquera sans doute la référence omniprésente dans ses textes à la terre (tamurth), à la femme, (Fadhma, Bahia….) et à l'exil (El Ghorba). L'association culturelle Issegman de Tizi- Ouzou, initiatrice de ce rende- vous auquel participaient de nombreux chercheurs qui ont consacré des écrits autour de l'oeuvre hasnaouienne notamment Rachid Mokhtari, ont évoqué entre autres, de la biographie de Cheikh El Hasnaoui, de son parcours et de ses oeuvres artistiques. Ils avaient reconnu que c'est "l'une des figures les moins connues et de loin la plus complexe" de la chanson populaire (chaâbi), et néanmoins chantre de l'immigration et de l'authenticité. L'œuvre de l'artiste a intéressé plusieurs universitaires dont Rachid Mokhtari qui a paraphé en 2002 aux éditions Chihab, un très érudit ouvrage, " Cheikh El Hasnaoui, la voix de l'errance " tandis que l'ethnomusicologue et chercheur au CNRS, Mehenna Mahfoufi avait signé l'an dernier " Cheikh El Hasnaoui chanteur algérien moraliste et libertaire ". Ce dernier livre inédit était rappelons le accompagné d'un CD contenant des extraits des entretiens que le chercheur a eus avec le chanteur, lors de ses rencontres à Saint Louis de la Réunion et des oeuvres inédites de cette figure de la chanson algérienne. Parmi les œuvres du Cheikh figure une chanson intitulée Tbeddel Ezzman (les temps ont changé), enregistrée lors d'une soirée musicale que le chanteur avait animée en septembre 1965 avec un groupe de musiciens. Selon le chercheur Mehenna Mahfoufi, le texte en question est un texte par lequel " le Cheikh El Hasnaoui clame sa joie de voir l'histoire des siens prendre une nouvelle tournure et les plaies de la guerre tendrent vers la guérison dans cette Algérie nouvellement indépendante ". L'auteur de l'ouvrage propose également un extrait d'une émission animée par le grand musicien algérien Mohamed Iguerbouchène qui présente un chant rituel du henné interprété par El Hasnaoui. Le document date du début des années 50 et le chant est intitulé Qquengak el henné (Je t'impose le henné). Dans le sillage de ses recherches, Mehenna Mahfoufi a en outre exploré et découvert la version complète de la chanson Arwah (Viens !) avec ses huit couplets, alors que la version la plus connue n'en contenait que quatre. Cheikh El Hasnaoui, ou Mohamed Khelouati pour l'état civil, aurait choisi un nom d'emprunt qui se réfère à son village natal du Arch Ihasnaouen au sud de Tizi-Ouzou. Né en 1910 au village de Tadart Tamuqrant, Cheikh El Hasnaoui fut orphelin de mère dès l'âge de 2 ans, et exilé de sa terre à 16 ans. C'est ce double déchirement qui aurait alimenté ses récits courts et nostalgiques. El Hasnaoui, le chanteur à la voix caverneuse n'est pas allé jusqu'à reproduire le modèle monocorde du chaâbi, mais s'est forgé son propre style situé entre, la ramba, la samba, et le chaâbi . " Sa voix au timbre grave qui déroute quelque peu l'auditeur, mais qui est toujours d'une justesse " , puis " une rupture avec la musique rigoureuse en incorporant des éléments qui déroutent l'auditeur habitué à la symétrie, à la redondance ennuyeuse " soutient le chercheur. Selon toujours Mehenna Mahfoufi, le Cheikh aurait introduit, dès les années 30, des rythmes latino. Entre 1951 et 1968, il a enregistré 17 chansons aux rythmes de rumba, de mambo et de samba avoue-t-il ajoutant que " son répertoire se compose de 74 titres chantés en kabyle et en arabe. " Sa dernière œuvre date de 1968 et s'intitule " Ya Noujoum Elleil ", une chanson reprise par plusieurs interprètes dont la plus connue est celle du défunt Kamel Messaoudi. Rebouh H.

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