InfoSoir : Quel est l?impact de l?évasion fiscale sur notre économie ? ll Hocine Amer Yahia : La fiscalité constitue la principale ressource de l?Etat ; l?évasion fiscale peut donc avoir un impact négatif sur le fonctionnement des services de l?Etat, qui ne pourrait disposer de ressources suffisantes pour répondre aux besoins économiques du pays. En l?absence des statistiques pour pouvoir évaluer ce phénomène, on se fie aux estimations relatives à l?économie informelle qui oscille entre 30 et 40% de l?économie nationale. Seule la fiscalité pétrolière, qui est de l?ordre de 50%, permet de suppléer aux insuffisances enregistrées dans le recouvrement de la fiscalité ordinaire. Quelles sont les raisons qui poussent les contribuables à fuir le fisc ? ll Les raisons sont diverses et nous pouvons citer, à ce sujet, l?ouverture économique, les réformes qui ont permis au secteur privé de se positionner sur l?échiquier économique national, ainsi que les problèmes liés à l?administration fiscale elle-même. Cette dernière continue à se manifester comme un écueil, un obstacle, voire une machine bureaucratique qui ne court que derrière les contribuables qui déclarent, honnêtement, leurs revenus.La plus grande appréhension du contribuable est de faire l?objet d?une injustice fiscale. Il n?hésite pas, alors, à user de tous les moyens pour dissimuler ses revenus vis-à-vis d?une administration très tatillonne qui, elle-même, n?a pas les moyens d?assurer un contrôle efficace. Que pensez-vous du nouveau dispositif fiscal prévu dans le cadre de la loi de finances 2006 ? ll Beaucoup de ses mesures ressemblent à une sorte de bricolage, ce qui confirme les problèmes dans lesquels baigne l?administration fiscale pour assurer les recouvrements. Ce dispositif laisse penser que les autorités ont choisi la facilité plutôt que d?engager une réforme profonde en la matière. L?augmentation de la vignette automobile et la modification des tarifs du timbre d?assurance sont des exemples édifiants du désarroi qui affecte notre système fiscal dans son ensemble. Pour preuve, l?Algérie continue à privilégier les retenues à la source, contrairement aux pays qui ont beaucoup évolué dans ce domaine où le système déclaratif constitue l?ossature même de leur fiscalité. En termes de chiffres, à combien estimez-vous l?évasion fiscale en Algérie ? ll Il faut dire que nous n?avons pas d?étude liée à ce phénomène pour prouver, chiffres à l?appui, l'étendue de cette évasion. Mais les estimations avancées par les autorités et certains experts tournent autour de 25 à 30% par rapport à ce qui devrait être recouvré par l?Etat. (*) Consultant en économie.