Pour encourager les entreprises à créer plus d?emplois, le gouvernement a décidé d?alléger leurs charges sociales. Toutefois, pour compenser ce manque à gagner, l?Etat a pensé à faire participer la Cnac. Une initiative qui ne plaît pas aux responsables de la Fédération des retraités algériens. «Un détournement de la Caisse nationale de l?assurance-chômage (Cnac) de sa vocation est une violation de la loi en vigueur », c?est ainsi que qualifiera Abdelmadjid Azzi, secrétaire général de la Fédération des travailleurs retraités algériens affiliée à l?Ugta, la nouvelle disposition entrant dans le cadre d?un projet de loi adopté dernièrement par le Conseil des ministres. «Mesure incitative pour la création d?emplois dans notre pays, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des intérêts des cotisants de la Cnac», a indiqué M Azzi. Intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III, il tirera à boulets rouges sur les pouvoirs publics. «Le projet de loi dit textuellement que la compensation serait prise en charge par le budget de l?Etat lorsque le budget de la Cnac ne pourrait plus faire face», dira-t-il. Cependant, «on ne peut pas financer une mesure d?ordre économique et social avec l?argent des cotisations sociales qui aurait pu être utilisé ailleurs», ajoutera-t-il, en citant l?exemple de la Caisse d?assurance maladie pour le remboursement des médicaments, qui rencontre des problèmes, ou bien la Caisse de retraite. «On trouve donc, le moyen de détourner une somme importante », regrette M. Azzi. Pourtant le texte fondateur de la Cnac indique clairement, selon M. Azzi, qu?elle a été instituée au profit des salariés. Il s?agit d?un régime d?assurance-chômage contre le risque de perte involontaire d?emploi pour des raisons économiques. «Donc, pour utiliser cet argent à d?autres buts, il faut revoir la loi», dira-t-il. La Caisse d?assurance, prévue uniquement pour recevoir tous les travailleurs compressés depuis le début des années 1990, devait prendre en charge plus de 700 000 personnes qui bénéficiaient d?une assurance-chômage durant deux ans seulement. Aujourd?hui, un grand nombre de ces pris en charge est en fin de droit. Ainsi, la Cnac perçoit une part des cotisations de sécurité sociale de l?ordre de 1,75 % mais elle n?a presque personne à prendre en charge, donc elle cumule des sommes considérables. « Il faut donc soit diminuer le taux de cotisation soit en faire bénéficier les caisses d?assurance maladie ou de retraite», indique M. Azzi. « En revanche, pour faire bénéficier des personnes qui n?ont jamais cotisé, voire jamais travaillé dans leur vie, il faut impérativement revoir le statut de la Cnac pour accueillir d?autres ayants droit», a-t-il ajouté.