Près de 23 000 diplômés universitaires, encouragés par les politiques sélectives, quittent, chaque année, le continent africain. C?est le chiffre avancé, hier, par Mohamed Bejaoui, ministre d?Etat, ministre des Affaires étrangères, à l?ouverture de la réunion africaine sur la migration et le développement à l?hôtel Sheraton d?Alger. M. Bejaoui a souligné en outre que 80 000 personnes quittent, chaque année, le continent noir en direction des autres régions du monde, principalement l?Europe, les Etats-Unis et le Moyen-Orient. «Ces exodes sont encouragés par les politiques sélectives d?admission des migrants, couvertes, parfois, par les vocables de «migration choisie», prônés par un nombre croissant de pays développés», a expliqué M. Bejaoui devant les représentants d?une cinquantaine de pays africains. L?Union européenne et ses pays membres ont été aussi représentés. Des ONG africaines et étrangères y ont été invitées. M. Bejaoui a cependant appelé les pays africains à chercher des «solutions durables» aux problèmes de migration. «L?Afrique doit inscrire le traitement de cette question dans le cadre global du développement. Car c?est là, et uniquement là, que réside à terme la solution aux flux migratoires», a-t-il expliqué. Bejaoui a essayé de nier que la pauvreté et l?exil ne sont pas une fatalité que les Africains doivent subir éternellement. Mais pour que cette réalité se confirme «il faut choisir la voie de la bonne gouvernance, de la démocratie, de l?Etat de droit, de la lutte contre la corruption et de la mobilisation de toutes les ressources disponibles localement», a dit M. Bejaoui. Alpha Oumar Konaré, président de la commission de l?UA, a, pour sa part, défendu la cause des jeunes migrateurs africains. «Cette jeunesse a fait entendre sa détermination à refuser la misère, la pauvreté pour dire qu?elle n?est pas délinquante, ni hors la loi, elle veut juste vivre dans la dignité», a-t-il soutenu. M. Konaré est revenu sur la vague de refoulement qui a touché, récemment, des centaines d?immigrants africains renvoyés du Maroc et d?Espagne. «Ça doit se faire dans la dignité et le respect des droits de l?homme. Est-ce parce que nous sommes différents, d?une autre culture qu?on a le droit de nous traiter comme ça ?» s?est-il interrogé. M. Konaré a aussi accusé indirectement les pays européens d?être derrière cette crise de migration. «Depuis 25 ans on nous parle d?aides aux pays africains, d?effacement de dettes, mais depuis rien n?a été fait», a-t-il ajouté.