InfoSoir : Comment la privatisation des hôtels se fait-elle ? l Mohamed Azira : Elle fait partie d?un ancien programme qui se poursuit à ce jour. Son lancement effectif a eu lieu en 1997 avec la mise en vente de certains hôtels. La motivation, à l?époque, était la mauvaise situation financière du pays. Le prix du baril de pétrole était de 9 dollars. C?est alors que le président du Conseil national des privatisations, Abderrahmane Mebtoul, avait déclaré que la vente des hôtels rapporterait 6 milliards de dollars. L?opération a été menée de façon anarchique et a abouti à un échec. A ce moment-là, il y avait un refus catégorique de la privatisation. Nous avons, en tant que syndicalistes, proposé une alternative. Il faut dire que la compétitivité, qui permettait à ce patrimoine de prendre de la valeur, était très faible. Cela était dû à la situation sécuritaire. Par ailleurs, on a affirmé que les hôtels étaient déficitaires. Les travailleurs sont arrivés au point de renoncer à leurs salaires pour éviter la perte de ces entreprises hôtelières. Ce qui a mené à l?échec de cette première opération et aucun hôtel n?a été vendu. Depuis? l Ces dernières années, on a rouvert le dossier des privatisations des hôtels, avec plus de souplesse. Vers 1999-2000, la relance de cette opération a été effective. Pour nous, l?opération n?a été concrète qu?à partir de 2005-2006. De la première expérience, nous avons tiré la conclusion que l?opération de privatisation n?était plus motivée par l?aspect financier, puisque la situation financière du pays est très positive. La conception actuelle de la privatisation est le transfert du patrimoine du secteur public vers le secteur privé. Nous nous acheminons progressivement vers la disparition du secteur public. En tant que syndicalistes, nous demandons des éclaircissements sur ce dossier. Si cette opération est bénéfique pour le pays, soit. Au cas où les travailleurs en feraient les frais, nous refusons cette privatisation. Sur cette base, il n?est plus question de vente d?hôtels déficitaires. Que faut-il faire ? l Il faut associer le partenaire social, car certains responsables font l?amalgame entre le comité de participation et le partenaire social. Pour eux, ce comité de participation représente le partenaire social. Le partenaire social doit être un interlocuteur incontournable dans la privatisation. Nous, en tant que syndicat, nous avons des propositions et des méthodes. Nous devons participer du début du processus à son terme. Nous donnons notre avis et nous participons aux négociations pour éviter les spéculations, le bradage. Les hôtels sont sous-évalués et, de ce fait, la confusion règne. Malgré toutes les précautions prises dans ce genre d?opération, on ne peut éviter les dérapages. Y a-t-il transparence dans cette opération ? On ne peut parler de transparence lorsque nous, travailleurs, apprenons des informations par le biais de la presse, à la publication des appels d?offres. Nous ne connaissons pas le contenu des cahiers des charges. Nous n?accusons pas les responsables chargés de ces opérations, mais la transparence exige plus que cela. Si on tient compte des textes de lois, des instructions du conseil de participation de l?Etat, notamment la résolution n°6 du 04/07/2004, on peut considérer que ces opérations sont en contradiction avec la loi. Telle que menée actuellement, l?opération de privatisation peut-elle être considérée comme un échec ? l Si on persiste dans cette voie, oui, l?opération de privatisation est vouée à un échec programmé.