Résumé de la 2e partie n Michel a tout planifié pour arriver à ses fins. Félicien, lui aussi, en a marre de la vie, mais il n?est pas un assassin. Passera-t-il à l?acte en tuant son ami ? Félicien hésite. Michel, versant le beaujolais à pleines rasades, fait sauter tous les arguments que son copain pourrait objecter. Félicien accepte enfin de rendre ce service. Michel, élevant le ton, réclame l'addition. Sophie l'apporte, discrètement pliée en deux dans un petit panier : pas loin de mille francs. Michel rédige son chèque, y joint un généreux pourboire et, dans la foulée, sous les yeux de la serveuse, rédige un nouveau chèque : celui de cinquante mille francs qu'il remet immédiatement à son invité. La serveuse, malgré tout, regarde la scène avec des yeux étonnés. Et Michel, grand seigneur, explique : «C'est pour son anniversaire.» La serveuse songe que son propre anniversaire tombe quelques jours plus tard. Dommage pour elle de ne pas avoir d'ami aussi généreux. Les deux convives sortent du restaurant, salués par les plus aimables sourires de la patronne et de Sophie. Le lendemain, dans la lumière brumeuse de ce mois de mars, deux promeneurs choisissent de porter leurs pas vers la station de pompage désaffectée. Un corps gît dans l'herbe. Michel, dans son beau costume, est face contre terre, la nuque déchirée. Les gendarmes, aussitôt appelés, constatent qu'il ne s'agit sans doute pas d'un suicide : difficile de se tirer une balle dans la nuque, l'absence de l'arme confirme d'ailleurs leur hypothèse. Pourtant, les poches du mort renferment encore un peu d'argent. Le vol ne semble pas le mobile du crime. Avec l'argent, voici son carnet de chèques ; l'avant-dernier est de presque mille francs : c'est l'addition de l'auberge Marguerite. Le dernier de cinquante mille francs est plus étonnant. Mais le nom du destinataire est noté sur le talon : Félicien R... Intéressant ! D'autant plus que, sur la page de garde du carnet, Michel, de son écriture d'ouvrier aux mains calleuses, a noté : «Je veux quitter la vie mais il ne faut pas m'en vouloir. J'ai demandé à R. de m'aider.» Toute l'histoire est écrite là. L'enquête s'achève avant même d'être commencée. Les gendarmes ont tôt fait de retrouver Félicien. Celui-ci dort lorsqu'on vient sonner à sa porte. Il était en train de rêver, se voyait en train d'offrir à Patricia la plus belle poupée qu'on puisse trouver dans la ville. C'est sans émotion qu'il avoue aux gendarmes le meurtre qu'on lui reproche. Il exhibe même la lettre de «décharge» de la victime. Pour lui, tout est en ordre. Félicien, surpris et indigné, est chargé dans un fourgon cellulaire. On pourrait le traiter avec un peu plus de ménagement quand même... On ne peut plus rendre un service à un copain, maintenant ?... Dans sa cellule, Félicien a du mal à comprendre qu'il vit dans un monde absurde où, à vingt ans, on peut se retrouver handicapé à vie, divorcé. Un monde où même un bon copain comme Michel peut vous rouler... Car le chèque de cinquante mille francs (comme celui de mille francs d'ailleurs) s'est révélé... sans provision.