Statut n C?est l?histoire d?une ville trop grande pour être une simple daïra et pas assez structurée pour prétendre être une wilaya. Ce combat entre grandeur et insuffisance est le quotidien de Bou Saâda. Loin des clichés et d?un éclat terni par le chômage et une décennie noire, cette ville continue de croire à une renaissance qui lui rendrait sa splendeur légendaire. Ses cent mille habitants, surtout les plus âgés, se souviennent de l?époque où leur ville était la perle des circuits touristiques. Bou-Saâda était synonyme de vacances réussies et de souvenirs ineffables. «Ne me parlez plus de souvenirs, mais plutôt de futur», dit M. Boudiaf, directeur de l?office du tourisme de cette daïra. Connaissant sa ville et son histoire sur le bout des doigts, il se jette sur le moindre étranger pour lui expliquer la chance qu?il a de visiter Bou Saâda. Paysages, personnages historiques, films hollywoodiens tournés là et même les plantes? Toutefois, il regrette que «les vrais touristes ne viennent plus comme avant». Selon lui, les personnes qui s?invitent à Bou-Saâda «viennent pour affaires ou sont de passage». Ainsi, beaucoup d?histoires attendent d?être racontées et autant de sites d?être visités. Ce qui aurait pour effet de faire revivre une véritable industrie, celle du tourisme. Il faut dire que la ville en a besoin. Le chômage ayant tissé sa toile, très peu de jeunes ont pu passer à travers ses mailles. Une balade permet de découvrir une ville qui tourne au ralenti. «Tout le monde s?est mis au commerce, mais qui achète ?» dit ce jeune rencontré au marché de la ville. N?ayant pu effectuer des études poussées pour s?éjecter hors de la ville, ce jeune de 25 ans, le teint basané, est obligé, aujourd?hui, de vendre des haillons en attendant des jours meilleurs. Cependant, la dureté de la vie n?a rien changé à la sympathie et à la gentillesse des habitants de Bou Saâda. Toutefois, il faut se demander si la ville est prête à accueillir le flot de touristes qu?elle attend. Les infrastructures hôtelières font malheureusement défaut. Mis à part l?hôtel Kerdada qui est un véritable joyau, les autres établissements ont perdu de leur superbe, notamment l?hôtel El-Caïd, qui a été la cible des terroristes et incendié il y a quelques années. L?hôtel Kerdada est venu à point nommé puisqu?avant sa réouverture, il y a de cela huit mois, la ville n?offrait aucune infrastructure hôtelière si l?on se réfère aux normes en vigueur. Une situation à laquelle il faut vite remédier si l?on veut que Bou Saâda redevienne la destination magique qu?elle était.