Pour la cuisson, Hamdane va chercher pour sa femme du bois sec pour allumer le feu ; il est difficile d'en trouver parce que toutes les petites filles, depuis l?année dernière, ont ramassé le bois autour du village ; il devra donc aller très loin pour en trouver. «Les jours de pluie, le bois mouillé dégage beaucoup de fumée dans la maison : cela nous pique les yeux», dit-il l?air dépité. Et d?ajouter : «Une fois le feu démarré, nous l?entretenons avec de la bouse de vache.» Pour le petit-déjeuner, Taos, sa femme, fait griller l'orge, la trie, enlève les cailloux puis écrase la céréale avec les tout petits cailloux restants. Juste après, le mari emmène les moutons, les chèvres et une vache chercher de l'herbe dans les prés avoisinants, avec les chiens de surveillance. La jeune femme file la laine pour que sa mère fasse des couvertures et des tricots pour toute la famille, en fredonnant une belle chansonnette locale. Les petits ont seulement quelques livres à partager ; Warda et Yasmine aiment surtout regarder les dessins. Il n'y a pas de crayon pour écrire. Le soir, elles apprennent les chiffres en dénombrant les étoiles jusqu'à 100, puis en les décomptant. La nuit, le chat dort dans les bras de Warda, les chiens à ses pieds, les poulets sur les fagots placés contre le mur et les canards dans un coin de la pièce. Le coq chante au lever du soleil : c'est le réveille-matin.