Cinquième étape n Tôt dans la matinée, les 4x4 stationnent devant l?hôtel Emir. La journée sera longue. Zahia Nekhela, chef de la zone nord de Laghouat, prend place avec nous. «Bienvenue dans le territoire des Sioux, mon territoire», dit-elle avec cet humour qui caractérise les gens de Djelfa. Elle raconte des anecdotes de l?époque du terrorisme. «Tu te souviens de tel chauffeur, lorsque les terroristes lui ont fait avaler son paquet de cigarettes ?», dit-elle en s?adressant au chauffeur, qui évoque à son tour d?autres souvenirs. On écoute passivement. La chef de zone étale ses connaissances du terrain, citant de mémoire le nom des moindres coins de ce vaste territoire aride. La tête du convoi soulève un nuage de poussière. Zahia montre les oueds, expliquant «l?importance des retenues» car «les crues drainent régulièrement avec elles les terres fertiles». Au loin, le col de Theniet El-K?foul apparaît, on parcourt une zone située à 1 271 mètres d?altitude. La route 46 est ponctuée de ksour, ces oasis qui renouent avec la vie. Des parcelles de terres entourées de fils barbelés contiennent des arbres fruitiers, des potagers, quelques bêtes somnolent au loin. La voix de Zahia nous secoue de notre torpeur : «Ici, c?est le village de Aïn Chouhada.» Situé sur le couloir des vents de sable, il était régulièrement recouvert par les dunes de sable ; actuellement, la végétation apparaît, des champs de blé poussent, l?eau coule à flots, débordant des bassins. Plus loin, Tadjmount délimite les wilayas de Djelfa et de Laghouat. Au loin, le mont El-Guelta nous fixe d?un regard aride. «Dans cette montagne, Madna, un village perdu, est relié au monde grâce aux hommes du Souhoub», explique Zahia. A l?époque coloniale, les Français sont entrés avec 60 000 soldats tellement l?endroit est difficile d?accès. Durant les années du terrorisme, l?ANP avait déployé moins de soldats. Des débris d?hélicoptère et des traces de balles témoignent de l?acharnement des combats. Les habitants de ce village renouent peu à peu avec l?agriculture et l?élevage, occupation de choix dans cette région. Des prairies annoncent Oued El-Mera, une ville ancrée dans la verdure. Selon la chef de zone, le maire de cette localité a proposé aux instances concernées de donner à la commune le nom de Oued El-Khadra, ce qui a été apparemment accepté. Sur cette route, une rupture naturelle s?effectue au fur et à mesure qu?on avance : le Sud perd de sa superbe au profit des paysages du Tell.