Fantastique n Des occasions à la pelle, un niveau technique formidable, ainsi s'articule un résumé rapide de ce 0 à 0. Une première mi-temps barcelonaise, un quart d'heure équilibré et une dernière demi-heure milanaise. Un match aussi mémorable que le huitième de finale Arsenal - Real Madrid il y a quelques semaines. Avant le repos, Barcelone a donné ce qu'il avait de meilleur sans ses deux derniers titulaires blessés, Xavi et Messi, c'est-à-dire un jeu unique en son genre. Une circulation du ballon inouïe lui a permis de priver l'AC Milan de munitions, même si la toute première action fut signée Kakà dès la... 36e seconde (tir à côté). Ensuite, bien assise sur un Iniesta exceptionnel à la récupération et à la relance, Barcelone a inquiété Dida par Eto'o (3e, 16e), Ronaldinho (21e) et Deco (40e), victimes d'un bon soir du gardien brésilien ou de leur propre manque de précision. L'affaire aurait aussi pu tourner à la 44e minute quand "Billy" Costacurta, le défenseur milanais, arrêtait Eto'o en position de dernier défenseur, juste devant la surface. Deux jours après les quarante ans de l'Italien, M. Merk lui fit une sorte de cadeau en ne lui donnant qu'un carton jaune. Les deux derniers Ballons d'Or mirent l'un et l'autre le gardien adverse à contribution dès le retour des vestiaires ; Chevtchenko titilla Valdes (50e) et Ronaldinho répliqua devant Dida (51e). Passé un centre parfait de Giuly pour Belletti, auquel il ne manque que l'habitude de se trouver en position de conclure (54e), le FC Barcelone finit par être victime d'une lente mais évidente érosion. Opérant en contre devant un Nou Camp bouillant («Mas que un club», «Plus qu'un club», disait le fantastique tifo de début de match), Barcelone subit alors le va-tout du Milan. En tout cas, le ballon changea de camp. Serginho et Cafu (67e) puis Chevtchenko donc (69e) se sont procuré quelques opportunités franches, mais la grande réaction collective milanaise a rarement trouvé un débouché dans les trente derniers mètres. Moins en jambes, Barcelone avait encore assez de lucidité et de ressources techniques pour se montrer dangereux sur des contres menés par Eto'o ou Ronaldinho, ponctués par Larsson (75e) ou Deco (76e). Grâce à cette lucidité défensive - aucun but encaissé en C1 depuis quatre matches -, Barcelone retrouve la finale de la Ligue des champions douze ans après son échec terrible contre l'AC Milan (1994, 0-4) et quatorze ans après son unique succès dans la compétition contre la Sampdoria (1992, 1-0 après prolongation). Des demi-finales stériles l L'histoire retiendra que les deux demi-finales retour de la Ligue des champions 2006 se sont terminées sur deux 0 à 0. Drôle de postérité pour un dernier carré composé d'équipes plus offensives et spectaculaires les unes que les autres. Arsenal et Barcelone sont sortis du chapeau, autant grâce à leur solidité défensive que grâce à leur brillance offensive. Le 0 à 0 entre Barcelone et l'AC Milan, mercredi, a tout eu du match au sommet espéré. Moins les buts.