«Rendez-nous nos panneaux !» Des agences de publicité spécialisées dans l?affichage publicitaire le disent haut et fort. Quatorze mois après la décision de la wilaya d?Alger de procéder à l?arrachage de centaines d?affiches, de nombreux professionnels ont dû fermer boutique, avec licenciements et chute vertigineuse du chiffre d?affaires. Motif : la décision des services de la wilaya d'Alger d'interdire l'affichage des placards publicitaires et l'opération d'arrachage des panneaux déjà existants ont contraint un grand nombre de boîtes de communication, spécialisées dans les dépliants, les auto-adhésifs et l'élaboration de toute forme de publicité, à mettre carrément la clé sous le paillasson. Certaines avaient résisté, vaille que vaille, d'autres avaient été totalement englouties dans la spirale de la faillite avec des remboursements qui se chiffraient à des millions de dinars au profit de clients, eux aussi laminés par la décision des autorités, car n'ayant plus d?endroits où placarder leurs produits destinés à la consommation. Hier, mercredi, lors d'un séminaire sur l'impression numérique organisé à l'hôtel Safir Mazafran (Zéralda) par Espace Numérique, en partenariat avec l'Américain Avery Dennison, leader mondial des matériaux auto-adhésifs, nombreux étaient les patrons des sociétés d'affichage à monter au créneau pour dénoncer cette mesure catastrophique pour un secteur qui génère des centaines d'emplois et une plus-value estimée à des milliards de centimes. Jugeons-en : parmi la cinquantaine d'afficheurs, la moitié a perdu 60% de ses clients. Beaucoup ont fermé boutique et presque la totalité des «rescapés» ne fait que grignoter des miettes. En janvier 2005, un arrêté de la wilaya d'Alger interdisait aux afficheurs la pose des placards publicitaires sous peine d'amende et de réprimande et exigeait, par un cahier des charges «fort contraignant», le versement de pas moins de 30 millions d'euros sur une durée de deux ans à tout annonceur aspirant à gagner la «palme» de 120 panneaux ou murs aux quatre coins de la capitale, surtout dans les endroits les plus stratégiques et susceptibles, donc, d'avoir un «impact d'attractivité» de première importance. D'autres wilayas telles que Oran ont suivi le «mauvais exemple» d'Alger. «Cette somme est tellement faramineuse qu'aucun afficheur algérien n'est en mesure de faire quoi que ce soit. Ils veulent notre mort, mais nous ne nous laisserons pas faire», s'est indigné Amar Boucherrab, directeur d'Espace Numérique qui parlait au nom des siens. Comme première réplique, plus d'une année après, il est question d'abord de la création d'une association nationale d'afficheurs qui ?uvrerait à préserver les intérêts de l'ensemble des afficheurs et de tous ceux qui ont déboursé des milliards de centimes dans ce nouveau créneau qu'est le mobilier urbain, mais qui, du jour au lendemain, ont bien vite déchanté. «Notre association, qui aura un caractère national, travaillera à préserver une industrie nouvelle censée suivre l'évolution de l'économie du marché dans laquelle l'Algérie a déjà les deux pieds», a précisé notre interlocuteur. Décidés plus que jamais à parler d'une même voix, les afficheurs algériens étaient arrivés à politiser leurs doléances. «Nous avons saisi des parlementaires et des sénateurs. Nous leurs avons dit que si la wilaya ne retirait pas ce fameux cahier des charges, ce serait la mort d'un secteur qui n'en est curieusement qu'à ses balbutiements», a-t-il averti.