Trois gérants d'hôtels marseillais, soupçonnés d'avoir fourni de faux certificats d'hébergement à des Algériens leur permettant de toucher des prestations sociales, devaient être inculpés pour escroquerie en bande organisée et faux, a affirmé, hier, vendredi, une source judiciaire. L'un d'eux devrait, en outre, être mis en examen (inculpé) pour fraude fiscale. Le parquet a requis un mandat de dépôt pour deux d'entre eux. Les trois hommes ont été interpellés jeudi et placés en garde à vue à l'issue d'une opération de police menée à l'aube dans plusieurs hôtels du centre de Marseille, dans le quartier de Belsunce. Un stock de documents vierges attestant de la réalité du trafic a été saisi, prouvant l'existence d?«une véritable organisation structurée», selon une source proche de l'enquête. Plusieurs centaines de travailleurs Algériens auraient bénéficié de diverses prestations sociales depuis au moins quatre ans, grâce aux faux documents établis. 4,5 millions d'euros auraient ainsi été versés indûment, dont 92% par la Caisse régionale d'assurance-maladie au titre d'allocations complémentaires vieillesse, selon une source judiciaire. Une association marseillaise, Le Rouet à c?ur ouvert, s'est indignée de ces soupçons de fraude sur les retraités immigrés, les «chibanis» (vieux en arabe), appelant à ne pas faire d'amalgame entre «des gens qui fraudent» et les vieux immigrés dont la situation «est bien particulière». «Ils ont travaillé en France durant des années, ils ont cotisé. Aujourd'hui leur retraite est si faible qu'ils ont droit à une allocation de solidarité. Celle-ci est conditionnée à leur séjour en France, mais comme il y a très peu de foyers pour travailleurs immigrés à Marseille, ils sont obligés de trouver des hébergements dans ces petits hôtels. On ne peut pas désigner ces gens comme des fraudeurs», a estimé un membre de ladite association.