Mésentente n Entre Européens et Algériens, rien ne va plus. Depuis l?entrée en vigueur, en septembre 2005, de l?Accord d?association entre l?Algérie et l?Union européenne, les exportations algériennes stagnent. Des statistiques récentes indiquent que les importations en provenance d?Europe ont baissé de 15%, depuis 8 mois, par rapport à la valeur de tous les produits, alors que les exportations hors hydrocarbures vers l?Europe ont chuté de 6%. Cependant, l?Europe, avantagée par la suppression totale des taxes douanières sur certains produits, peut écouler sucre, produits laitiers, fruits et matériels industriels avec facilité. Pour les exportateurs algériens, c?est l?inverse. Les mesures de protection du marché européen empêchent tout produit algérien de se vendre dans l?espace commercial de l?Union européenne. Pour rappel, l?Union européenne a interdit l?accès de la viande ovine et du miel algériens au marché européen sans présenter des arguments solides sur ce boycott. Pourtant, M. Bennini, DG d?Algex, précise que «l?Accord d?association ne prévoit nullement l?interdiction de l?exportation de la viande ovine vers l?Europe». Brahim Bendjaber, membre du Forum des chefs d?entreprises (FCE), estime que «les industries qui vont souffrir sont celles de l?agroalimentaire, du cuir et des textiles» en indiquant que «l?Algérie ne dispose pas de réseaux de sous-traitance qui pourraient profiter aux entreprises algériennes». Il est à relever également que les importations de l?Union européenne ont enregistré 3,5 milliards de dollars durant les quatre premiers mois suivant l?entrée en vigueur de l?Accord d?association. A y voir de plus près, les arguments des Européens se rapportent à une insuffisance d?application des normes pour les produits algériens. Ce que réfutent certains patrons d?entreprises, qui pensent que leurs produits sont compétitifs et peuvent en concurrencer d?autres. Un opérateur établi à Jijel, spécialisé dans le liège et la bruyère, a du mal à exporter vers Europe. «Les Européens préfèrent le marché de l?Est plutôt que le nôtre», déclare-t-il. Pourtant la bruyère algérienne est un produit mondialement connu et apprécié. Un exportateur oranais, qui a requis l?anonymat, pense que «l?exportation reste le parcours du combattant surtout à destination de l?Europe». Il estime que la réglementation phytosanitaire est obsolète du fait qu?elle ne correspond pas aux attentes du marché. De son côté, le vice-président du FCE, Réda Hamiani, a décrié les mesures protectionnistes de l?Union européenne qui, d?une façon ou d?une autre, se couvre de subterfuges juridiques pour interdire certaines opérations d?export. L?ambassadeur de l?Union européenne a reconnu qu?il existe «une application abusive des droits non tarifaires» et, de ce fait, a recommandé aux opérateurs algériens d?entamer «des recours auprès de la Commission européenne pour dénouer ces litiges». Dans l?attente d?une issue à cette crise, les exportateurs algériens préfèrent se rabattre sur d?autres marchés, à l?exemple de ceux de l?Afrique de l?Ouest, de la Libye et du Moyen-Orient.