Projection n L?Algéria a abrité, mardi, l?avant-première de «Beur, Blanc, Rouge». Réalisé par Mahmoud Zemmouri, le film (distribué par Tassili Film) nous plonge en plein débat sur l?immigration et en conséquence au c?ur de la problématique de l?intégration. Il raconte l?inoubliable match amical France - Algérie qui a eu lieu à Paris en 2001, mais qui a été, en deuxième mi-temps, perturbé, donc annulé, en raison de l?envahissement du terrain par les supporters algériens issus de l?immigration, notamment les Beurs. Mais c?est d?abord l?histoire de Brahim, un jeune Beur, qui, avec Mouloud, son ami, mène, tant bien que mal, un quotidien oisif. A travers eux, le réalisateur rebondit sur l?événement dans l?unique objectif de faire un zoom sur la condition des Beurs. Brahim revendique son identité algérienne et il s?avère un supporter enflammé de l?équipe d?Algérie et, lors du match, il est arrêté car, comme la foule, il a envahi le terrain. Au sortir de ses tribulations avec la justice, Brahim se trouve contraint, par sa famille, de partir en Algérie pour améliorer ses chances d?insertion, donc pour retrouver ses origines qui ne sont pas tout à fait les siennes ? puisqu?il est de naissance française ? et renouer avec les siens qui, eux, ne le sont pas effectivement ? puisque son entourage se trouve en France ainsi que ses marques sociales et culturelles. Brahim craint son retour dans le pays de ses parents, loin de ses repères. En arrivant en Algérie avec un passeport français, Brahim et ses parents sont refoulés à l?aéroport. La police des frontières leur refuse l?entrée au pays, et pour cause : ils n?ont pas de visa. Indignés ? mais pas Brahim qui revendique sa naissance française et du coup sa francité ?, ils retournent en France, se rendant ainsi compte de leur ambivalence identitaire : ils ne sont reconnus ni en France ? parce qu?ils sont refusés comme tels ?ni en Algérie. N'étant ni Algériens, ni Français, ni d?ici, ni de là-bas, les Algériens ? ou les Beurs ? vivent un malaise, un vertige, un déficit identitaire. Ils tentent de se retrouver tantôt dans une Algérie seulement racontée par leurs parents ? ou leurs grands-parents ? ou tout simplement évoquée lorsqu?ils déclinent leur nom, et tantôt dans une France qui les a vus naître, grandir et qui, en revanche, leur refuse le droit à la francité seulement parce qu?ils portent un nom arabe. Ils se cherchent, mais très vite ils se perdent. Ils espèrent, mais vite ils se désillusionnent. Ils croient, mais vite ils perdent foi en la République ? et même en cette Algérie qui ne les encourage pas à rentrer au pays en leur assurant une meilleure intégration ? sociale, culturelle et même économique. Ils vivent tout ce malaise parce qu?ils ont une mémoire équivoque, une double origine qu?ils ne peuvent psychologiquement assumer. Ainsi, le match France - Algérie n?est qu?un prétexte pour aborder la question de l?intégration qui s?est soldée, rappelons-le, par les émeutes, en novembre 2005, dans les banlieues françaises. Une violence significative. Initialement intitulé Beur et margarine, le film, qui est une comédie, est porté par une armada de comédiens dont le sémillant et frêle Yasmine Belmadi, Abdallah Bouzida et Fatima Helilou en chefs de famille impécunieux qui ne reculent devant rien, Chafia Boudraâ en grand-mère riche et encombrante, Mouss en directeur d?agence matrimoniale islamique et Saïd Hilmi en épicier grincheux.