Sur une centaine de mètres, le sable doré de la plage est noirci, couvert de corps carbonisés, certains figés comme des statues, la terreur encore lisible sur le visage. Ceux-là ont essayé de ramper, de s'éloigner de l'oléoduc qui a pris feu vendredi matin sur une plage située non loin du village d'Ilado, dans l'agglomération de Lagos. Entre 150 et 200 personnes ont été tuées à la suite de cette explosion, selon le dernier bilan fourni par le chef de la police de Lagos. L'explosion a dû être soudaine et provoquer une chaleur terrible à en croire les restes de cadavres visibles sur la plage ou flottant dans l'eau de la lagune. A une dizaine de mètres du rivage, on aperçoit les restes noircis de quelques embarcations alors que derrière les buissons qui bordent la plage et dont certains ont brûlé, plusieurs centaines de bidons de plastique noir sont intacts. Pour le chef de la police de Lagos, «les gens qui sont morts dans le brasier sont suspectés d'être des saboteurs de pipeline. Une partie de cet oléoduc a été déterrée et l'on peut voir distinctement que trois trous au moins ont été percés dans le métal pour extraire le carburant», dira-t-il. Les malfaiteurs n'ont même pas eu le temps de remplir tous leurs bidons avant d'être brûlés vifs. Les victimes, qui se trouvaient près de l'oléoduc, sont soit totalement réduites en cendres, soit à l'état de squelettes. «Personne ne peut dire exactement ce qui s'est passé», confie le vieux Chief Adio Raji, qui habite non loin de là, «mais c'est la deuxième fois qu'il y a un feu ici», ajoute-t-il. Le Nigeria connaît assez régulièrement des explosions de ce genre, généralement provoquées par les sabotages des installations par des trafiquants ou des habitants pour voler du carburant.