Résumé de la 3e partie n La presse locale et les services de sécurité s'intéressent au ranch Waco où une secte se transforme en fraction de guérilla. Le pouvoir de la presse aux Etats-Unis est connu. Libre et indépendante, capable de faire sauter un Président de son siège. Usant de son droit, le Waco Tribune fait paraître un premier article, juste avant la décision des autorités fédérales d'encercler le ranch pour y mettre bon ordre. Ou bien, autre hypothèse et polémique oblige, les autorités fédérales se décident enfin à régler le problème, l'article étant déjà paru et d'autres devant suivre... C'est ainsi que, le 28 février de cette année 1993, commence le siège le plus fou de toute l'histoire des sectes depuis le massacre de Guyana. Guyana, c'était la jungle d'Amérique du Sud où un autre Américain fou, Jim Jones, entraîna dans un suicide collectif neuf cents adeptes probablement drogués, un 18 novembre 1978, au moment où des officiels américains tentaient de les libérer. A Waco, on redoute le même drame. Mais David Koresh penche pour une autre forme de suicide collectif : la lutte armée. De plus, il est au courant du siège qui se prépare. Comment ? Les fédéraux voudraient bien le savoir, mais le résultat est qu'on leur tire dessus à la première tentative d'encerclement, le 28 février 1993. Quatre morts parmi les policiers, deux chez les adeptes. Le FBI arrive en renfort : cinq cents hommes armés, véhicules blindés en tête et l'immense bavure commence. Le monde voit surgir sur tous les écrans de télévision le visage apparemment normal de ce Vernon Howell, dit David Koresh, dit le Christ. Un Christ qui porte des Ray Ban, des cheveux un peu longs, avec brushing, une cravate et qui arbore un sourire tranquille. L'air d'un jeune cadre dynamique... On apprend par sa mère Bonnie qu'il était un enfant sage extrêmement religieux, par sa grand-mère que c'était un bon garçon, qui savait par cœur le Nouveau Testament à douze ans. Un bon garçon qui a fait tirer sur les forces de police à la mitraillette. La mitraillette est une arme automatique, elle n'est pas en vente libre. Le délit est largement prouvé, enfin ! Il est illégal d'une part de détenir des armes automatiques, d'autre part de s'en servir pour tirer sur les fédéraux. Sept semaines de siège viennent de commencer. Toutes les télévisions américaines sont sur place. Les badauds défilent, on vend même des tee-shirts à l'effigie du gourou et, à quinze kilomètres de là, la petite ville de Waco est investie par les fédéraux, les journalistes et les touristes. Si dans un premier temps, et malgré les morts, Waco y trouve un bénéfice, le gouffre financier ne tarde pas à s'ouvrir. Chaque jour de siège coûte au contribuable américain deux millions de dollars ! Onze millions de francs. Et les jours passent, le gourou distillant menaces et offres de reddition, relâchant au compte-gouttes quelques femmes et enfants terrorisés. Le quatrième jour, il annonce : «J'attends les instructions de Dieu.» Le cinquième jour, il dit qu'il attend davantage d'instructions divines, qu'il acceptera de se rendre si on le laisse parIer sur une radio locale. Les psychologues et spécialistes du terrorisme en tout genre acceptent, espérant éviter un bain de sang. Le gourou parle cinquante-huit minutes d'affilée — des propos essentiellement concentrés sur sa vision biblique, sa vocation de messie et ses prédictions d'apocalypse. Les adeptes sont toujours derrière lui, prêts à la guerre, et le FBI réalise que l'armement dont dispose l'assiégé est bien plus important qu'il ne l'avait imaginé au départ. (à suivre...)