Conception n L'Ugta définit ce pacte comme un dialogue permanent avec le gouvernement pour permettre d'aboutir à une «trêve sociale». En d'autres termes, il s'agit de mettre de côté «toute la politique ultralibérale qui nuit aux intérêts des travailleurs et des couches sociales défavorisées». Ses recommandations s'inscrivent naturellement dans l'amélioration socioprofessionnelle des travailleurs, la revalorisation salariale et l'émergence d'un code de la Fonction publique qui tienne compte de l'évolution du statut des fonctionnaires. Sur le front des privatisations, la Centrale syndicale exige le maintien de la clause de l'emploi dans toute opération de cession des entreprises publiques en favorisant, le cas échéant, la reprise des actifs par les repreneurs nationaux. Cette revendication a forcé le syndicat de Sidi Saïd à radicaliser ses positions vis-à-vis de la politique de privatisation menée par Temmar. Au bout d'une épreuve de force entre gouvernants et syndicalistes, l'Ugta a pu arracher l'acquis de sauvegarde de milliers de postes de travail qui étaient menacés de disparaître. Le pacte économique et social tel que prôné par la Centrale, mentionne qu'«il faut surseoir à toute compression des travailleurs durant les cinq années à venir». Ce à quoi le gouvernement a été favorable. Pour ce qui est des syndicats autonomes — le Comité national des libertés syndicales qui regroupe CLA, Cnapest et Satef (éducation), Snomar (marine marchande) et deux syndicats de praticiens de la santé publique — ils sont unanimes à décrier leur marginalisation, voire leur exclusion du pacte économique et social. «Nous constatons que le gouvernement pactise avec lui-même», déclare le Dr Besbès, qui préside cette coalition syndicale. Mais que se passe-t-il au juste ? Ces syndicats autonomes reprochent au gouvernement de privilégier «le dialogue avec l'Ugta dont le rôle au niveau de l'échiquier syndical et politique est connu». Pis, ces syndicats notent que «les travailleurs ne connaissent ni la teneur de ce pacte, ni sur le dos de qui il se fera, ni ce qu'il va apporter». Avec amertume, ces syndicats pensent que ce pacte va échouer du fait «qu'il n'est pas l'émanation des véritables acteurs de la société civile», relève le Dr Besbès. Dans un document récemment publié par ce comité, les syndicats autonomes exigent de prendre part à la négociation du pacte économique et social en développant leur propre vision. Ils mettent en exergue «la reconnaissance de la pluralité syndicale, l'arrêt des poursuites judiciaires contre les syndicalistes, l'augmentation des salaires».