Résumé de la 40e partie n Pat enregistre la version de Jeremy Saunders, mais elle ne croit qu'à moitié ce riche ivrogne… Comme toujours lorsqu'elle était tourmentée, Margaret Langley se réfugia dans son bureau, cherchant un peu de réconfort dans le vert velouté des plantes suspendues près de la baie vitrée. Elle lisait les sonnets de Shakespeare en buvant son deuxième café de la matinée quand Patricia Traymore avait téléphoné pour lui demander de la recevoir. Margaret secoua nerveusement la tête. C'était une femme légèrement voûtée de soixante-trois ans. Ses cheveux gris naturellement ondulés étaient retenus par un petit chignon sur la nuque. Une expression de sagesse enjouée atténuait le manque d'attrait de son long visage aux traits chevalins. Elle avait épinglé sur son chemisier une broche offerte par l'école le jour de son départ — une guirlande de laurier en or entrelacée autour du chiffre 45 pour marquer les années qu'elle avait consacrées à l'établissement en tant que professeur et directrice. A 14h 10, elle commençait à espérer que Patricia Traymore avait renoncé à sa visite lorsqu'elle vit une petite voiture rouge passer lentement dans la rue. Le conducteur s'arrêta devant la boîte aux lettres, cherchant probablement le numéro de la maison. A regret, Margaret se dirigea vers la porte d'entrée. Pat s'excusa d'être en retard. «Je me suis trompée de direction à un moment donné», dit-elle et elle accepta volontiers de prendre une tasse de café. Margaret sentit son inquiétude diminuer peu à peu. Il y avait quelque chose de très attentionné chez cette jeune femme, la façon par exemple dont elle s'était soigneusement essuyé les pieds avant de marcher sur le plancher ciré. Elle était si jolie avec ses cheveux auburn et ses magnifiques yeux bruns. Sans raison, Margaret s'était attendue à quelqu'un d'agressif. Lorsqu'elle lui expliquerait le cas d'Eleanor, peut-être que Patricia Traymore lui prêterait-elle attention. Tout en versant le café, elle se mit à raconter. «Voyez-vous, commença-t-elle, et sa voix lui sembla particulièrement aiguë et tendue, à l'époque où l'argent a disparu à Washington, tout le monde a pris Eleanor pour une voleuse endurcie. Mademoiselle Traymore, vous a-t-on jamais dit combien valait l'objet qu'elle avait soi-disant volé lorsqu'elle était en dernière année à l'école ? — Non, je ne crois pas. — Six dollars. Sa vie a été brisée pour un flacon de parfum d'une valeur de six dollars ! Mademoiselle Traymore, vous est-il jamais arrivé de sortir d'un magasin et de vous apercevoir que vous teniez à la main un article que vous aviez l'intention d'acheter ? — Une ou deux fois peut-être, avoua Pat. Mais on ne vous condamne pas pour vol à l'étalage quand on oublie de payer un article de six dollars. — On vous condamne s'il y a une vague de vols en ville. Les commerçants étaient prêts à descendre dans la rue, et le procureur avait promis de punir pour l'exemple la prochaine personne prise en flagrant délit. — Et c'est Eleanor qui a été cette personne ? — Oui.» Des petites gouttes de transpiration soulignaient les rides sur le front de Margaret. Inquiète, Pat vit son teint devenir cendreux. (à suivre...)