Résumé de la 42e partie n Pat est avec Margaret Langley, qui lui parle d'Eleanor, la protégée du sénateur Jennings, soupçonnée d'avoir dérobé une somme d'argent. Margaret se leva. «Excusez-moi. Désirez-vous un peu plus de café ? La cafetière est encore presque pleine. Je vais en prendre une tasse. Je ne devrais pas, mais tant pis.» Avec un semblant de sourire, elle se dirigea vers la cuisine. Pat arrêta le magnétophone. Elle a entendu parler d'Eleanor, pensa-t-elle, et elle ne peut se résoudre à mentir. Lorsque Mlle Langley revint, Pat demanda doucement : «Que savez-vous d'Eleanor maintenant ?» Margaret Langley posa la cafetière sur la table et se dirigea vers la fenêtre. Allait-elle nuire à Eleanor en faisant confiance à Pat Traymore ? Indiquer une piste susceptible de mener jusqu'à elle ? Un moineau solitaire voleta derrière la fenêtre et se posa piteusement sur la branche couverte de givre d'un orme près de l'allée. Margaret prit sa décision. Elle allait se fier à Patricia Traymore, lui montrer les lettres, lui raconter ce qu'elle croyait. Elle se retourna, rencontra le regard plein de sollicitude de Pat. «Je vais vous montrer quelque chose», dit-elle brusquement. Lorsque Margaret Langley revint dans la pièce, elle tenait une feuille pliée de papier à lettres dans chaque main. «J'ai eu par deux fois des nouvelles d'Eleanor, dit-elle. Cette lettre (elle tendit la main droite) a été écrite le jour même du vol supposé. Lisez-la, mademoiselle Traymore. Lisez ce qu'elle a écrit.» Des pliures marquaient le papier à lettres crème, comme si la lettre avait souvent été manipulée. Pat jeta un coup d'œil sur la date. La lettre avait onze ans. Elle en parcourut rapidement le contenu. Eleanor espérait que Mlle Langley profitait de son année en Europe ; elle avait obtenu de l'avancement et aimait son travail. Elle suivait des cours de peinture à l'université George-Washington et tout se passait très bien. Elle venait de passer un après-midi à Baltimore. Elle devait dessiner un paysage au bord de l'eau, et avait choisi la baie de Chesapeake. Mlle Langley avait souligné un paragraphe : «J'ai bien cru ne pas pouvoir y aller. J'ai dû faire une course pour le sénateur Jennings. Elle avait oublié sa bague ornée d'un diamant au bureau du comité électoral et pensait qu'on l'avait mise dans le coffre. Mais elle ne s'y trouvait pas, et j'ai juste eu le temps d'attraper mon bus.» C'était ça, la preuve ? songea Pat. Elle leva la tête et ses yeux rencontrèrent le regard plein d'espoir de Margaret Langley. «Ne comprenez-vous pas ? fit cette dernière. Eleanor m'a écrit le soir même du vol. Pourquoi aurait-elle inventé cette histoire ?» Pat ne trouva aucun moyen d'adoucir ce qu'elle avait à dire. «Elle a pu vouloir se fabriquer un alibi. — Si vous voulez vous fabriquer un alibi, vous n'écrivez pas à quelqu'un qui ne recevra peut-être pas votre lettre avant des mois», déclara fermement Margaret. Puis elle soupira. «Bon, j'ai fait mon possible. J'espère seulement que vous aurez la bonté de ne pas remuer toutes ces souffrances. Eleanor s'efforce apparemment de refaire tant bien que mal son existence et mérite qu'on la laisse en paix.» (à suivre...)