Si les phénomènes paranormaux sont signalés depuis longtemps, leur étude scientifique n'a commencé pratiquement qu'au XVIIIe siècle. Auparavant, ce sont surtout les philosophes qui avaient tenté de les expliquer. Si beaucoup de théories sont fumeuses, certaines semblent déjà annoncer les analyses psychologiques modernes. Platon, déjà, insistait sur la puissance de la suggestion ; les talismans, disait-il, n'ont de force que parce qu'on y croit vraiment. Même si, dit-il en substance, une chose n'a pas, en elle-même, la possibilité d'aider quelqu'un, elle y parvient parce qu'on croit fermement qu'elle le peut. Socrate, lui, recommandait, avant de soigner le corps, de soigner l'âme, car, croyait-il savoir, c'est de l'âme que viennent à l'homme tous les biens et tous les maux. Aussi, il est inutile de vouloir soigner le corps si on ne commence pas par l'esprit, et l'esprit, soutient le grand philosophe grec, se soigne par les incantations, en langage moderne, par la parole, la suggestion... Les philosophes et les médecins musulmans ont également appelé à soigner certaines maladies en usant de suggestion. Voie que les Européens ont également choisie. On se rappelle par exemple que Montaigne insistait sur le rôle de l'«imagination» dans les processus de guérison. «C'est un grand ouvrier du miracle que l'esprit humain», écrivait-il. Durant toute la Renaissance, on a pratiqué, en Europe, le «toucher royal» pour soigner les écrouelles, abcès ganglionnaire très répandu : il suffisait que le roi touche le malade pour que la maladie, dans la plupart des cas, guérisse. André de Laurens, médecin du roi Henri IV, écrit, dans un ouvrage consacré au toucher royal, que c'est l'imagination et non quelque pouvoir du roi qui agit...