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Du raisonnement spirituel au mensonge philosophique
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2009

Poser la question de la véracité de la révélation coranique – quinze siècles après l'avènement de la religion musulmane - au point de mettre en doute l'illettrisme du Prophète Mohamed et de confondre le tracé historique du Coran avec celui de la bible, qui est reconnu même par les judéo-chrétiens comme une transcription des hommes de la parole de Dieu –
ne peut être que la continuité d'une longue illusion d'un mensonge philosophique établi depuis le temps où Grenade avait rendu ses clefs aux chrétiens, car prouver en ce début du XXIe siècle que le Prophète Mohamed n'était que l'envoyé de Dieu pour le message de la religion de la soumission et que le Coran est une révélation divine pour la raison spirituelle et loin du mensonge philosophique ne peut venir que d'une preuve à caractère miraculeux du Coran dans un cadre scientifique loin du concordisme, tout en traitant un sujet en concordance avec notre temps et en aval de l'origine du texte sacré, à l'instar de celui des découvertes dans le domaine de l'astronomie où la civilisation musulmane avait su maîtriser le sujet pour donner au monde contemporain les bases d'une science moderne, devenue technologique aujourd'hui. Les premières sciences, qui attirèrent la curiosité de savants musulmans, furent l'astronomie et les mathématiques, mais l'astronomie en particulier intéressait non seulement les hommes de science, mais aussi plusieurs khalifes et quelques sultans qui s'y adonnèrent avec passion. Rapidement, des observations surgirent un peu partout dans les grands centres de l'empire de l'lslam. Ceux de Baghdad, du Caire, de Cordoue, de Tolède et de Samarkand acquirent une célébrité méritée et les théories antiques furent révisées et où plusieurs erreurs de Ptolémée furent relevées, tout en corrigeant les tables grecques.
Si les observations astronomiques se firent de plus en plus nombreuses alors le perfectionnement croissant de leurs instruments de mesure, d'observation et le soin toujours plus grand qu'ils apportèrent à l'exploration du ciel leur permettaient avec le temps de déterminer et d'évaluer de façon toujours plus précise les orbites du soleil, de la lune et des planètes. AI Farghani calcula les longitudes terrestres et fut le premier à découvrir que le soleil et les planètes décrivaient des orbites en sens contraire du mouvement diurne. AI Battani calcula avec précision les différences de longueurs de l'année du tropique et de l'année sidérale. Il perfectionna les études astrologiques d'AI Khawaresmi par de nouvelles recherches sur l'apparition de la nouvelle Lune, sur les éclipses du Soleil et de la Lune et sur les parallaxes. Comme à l'actif de l'école de Baghdad figurent la reconnaissance du mouvement de l'apogée du soleil, l'évaluation de l'obliquité de l'écliptique et sa diminution progressive, l'estimation très précise de la durée de l'année. Les savants baghdadiens constatèrent des irrégularités de la plus grande latitude de la Lune, découvrirent une troisième inégalité lunaire, connue sous le nom de variation, tout en signalant les taches du soleil, étudièrent les éclipses et mettent en question l'immobilité de la Terre qui sera la base des travaux de Copernic au XVIe siècle. Pour le monde scientifique contemporain, Nicolas Copernic est à la fois le dernier représentant de l'astronomie ancienne et le premier représentant de l'astronomie moderne, car même si dans ses travaux Copernic avait repris certains mécanismes astronomiques créés par des astronomes musulmans, puisque en son temps, la science musulmane était pour les Européens de la Renaissance ce que fut la science antique pour les savants de l'Islam du Moyen-Age, alors sur le sol chrétien de l'Europe, depuis l'époque de Ptolémée, une période de plus de mille ans était passée sans que l'astronomie n'ait pu connaître le moindre développement notable.
Si chez les savants du monde qui parlaient arabe des progrès ont été enregistrés en astronomie, ce n'est que parce que la logique philosophique dialectique de certains versets coraniques avait orienté les astronomes musulmans pour plus d'effort vers la recherche scientifique dans le domaine de l'observation du ciel et des études astronomiques. Au moment où les musulmans avaient déjà introduit dans leurs recherches des textes scientifiques de tradition indienne en plus de ceux des Grecs, les Européens, sous la domination de l'église chrétienne, commençaient à peine à développer leurs mouvements d'idées, tout en continuant à croire en totalité à la théorie de Ptolémée, qui était établie au IIe siècle de notre ère dans son livre l'Almageste et qui rendait compte des phénomènes observés sur la base de deux postulats déjà posés par Platon plus de cinq siècles auparavant, pour affirmer que, d'une part, la Terre est stable au centre du monde et, d'autre part, les mouvements célestes ne peuvent être composés que de mouvements circulaires uniformes. A une époque où l'Eglise chrétienne croyait que la théorie de Ptolémée était la vérité astronomique, puisqu'elle la considérait comme logique par le fait que la terre est au centre de l'univers, car le Soleil et la Lune se lèvent et se couchent chaque jour, alors comme la Terre est une création de Dieu pour l'homme, donc il fallait qu'elle soit au centre du monde. Nicolas Copernic avait quitté la Pologne, son pays natal, pour rejoindre Bologne en Italie, afin de devenir chanoine et étudier les mathématiques et l'astronomie.
Comme au XVIe siècle, Copernic apprenait dans ses cours d'astronomie que la Terre était immobile ; alors une nuit pendant une éclipse de la Lune, il a commencé à douter sur la véracité de cette représentation de la Terre selon Ptolémée. Rejoignant sa ville natale pour s'y établir dans sa cathédrale, Copernic continua à s'adonner à sa passion secrète d'observer le ciel afin de pouvoir observer les astres et mesurer avec exactitude leurs courses et leurs vitesses dans le ciel, d'où il commença à comprendre que la Terre n'est pas immobile et que c'est bien le Soleil qui est au centre des orbites planétaires et non la Terre, comme le croyait le monde chrétien depuis le IIIe siècle avant noter ère, puisque en croyant voir le Soleil se lever, c'est au fait la Terre qui tourne sur elle-même. Après trente années d'observation du ciel, Nicolas Copernic publia dans son manuscrit De revolutionibus orbium caelestrum, qui fut publié juste après sa mort en 1543, que « tandis que la Terre effectue en un an une révolution autour du Soleil, elle tourne 365 fois sur elle-même, car du côté orienté du Soleil, c'est le jour par contre du côté opposé, c'est la nuit ». Avec ces travaux de Copernic, qui sont venus montrer aux chrétiens que la Terre tournait sur elle-même et que le Soleil était au centre du système solaire, un siècle à peine plus tard, l'astronome Galilée, qui naquit le 15 février 1564 à Pise, et décéda en 1642 à Arcetri, est venu démontrer que la Terre tourne bien autour du Soleil, ce qui provoqua la colère de l'Eglise catholique de Rome, au point que Galilée dut renier, à contrecœur, toute sa théorie concernant le système héliocentrique de Copernic, bien que les travaux de Copernic vont marquer une nouvelle rupture dans l'histoire de la pensée et représentent aujourd'hui une nouvelle étape décisive dans l'histoire de l'astronomie et de la science moderne dans le monde, puisque c'est suite aux travaux réalisés par Copernic que l'astronomie est devenue pour les Européens une science à part entière et que beaucoup plus tard, Kepler et Newton ont été fortement influencés par cette affirmation de l'immobilité de la Terre, que déjà au VIIe siècle le Coran, tout en étant loin d'être une encyclopédie scientifique mais un Livre Saint avec des versets à caractère miraculeux, avait prédit au verset 39 de la sourate 5, lorsque Dieu annonça qu'« Il créa les cieux et la Terre dans la vérité.
Il enrôla la nuit sur le jour et le jour sur la nuit » et qu'au verset 7 de la sourate 54, il ajouta qu' « Il couvre le jour sur la nuit qui poursuit celui-ci sans arrêt », afin de prouver à l'humanité entière sans limitation d'espace et de temps, loin avant la théorie de Nicolas Copernic et au temps de Mohamed dans son Arabie désertique, que le phénomène du jour et de la nuit sur terre ne peut se faire que dans un mouvement circulaire de celle-ci et cela malgré tous les manuscrits de l'Antiquité, qui ont précédé à l'avènement du Saint Coran, et révélait une vérité astronomique qui est totalement contraire à la raison spirituelle du message de Dieu. Dire que le Prophète Mohamed était lettré, au point se s'être inspiré de la bible et des recherches scientifiques de l'Antiquité pour écrire le Coran, tout en lui donnant son caractère miraculeux grâce aux révélations scientifiques, ne peut que venir contredire les trente années de travaux de Nicolas Copernic et sa place dans l'élan de la science moderne, puisque les versets coraniques avaient déjà bien montré au VIIe siècle, dans une logique philosophique, que la Terre est bien mobile et cela loin des révélations scientifiques de l'Antiquité qui existaient dans les manuscrits, que certains prétendent que le Prophète Mohamed lisait loin des regards de ses compagnons. Prouver encore au XXIe siècle, avec une philosophie mensongère loin de la raison spirituelle des Livres Saints, que le Coran est une révélation humaine inspirée des anciens écrits de l'Antiquité, c'est toucher avant tout à l'intégrité de plus d'un milliard trois cents millions de musulmans, car si la philosophie s'avère une pratique licite dans l'approche scientifique, elle reste une approche qui ne peut intervenir dans le domaine théologique qu'après une bonne connaissance des préceptes religieux et des faits historiques de la religion même, puisqu'il est facile de suivre avec illusion ses propres idées et ses penchants quant on est inconscient de conformisme et que les opinions aux quelles on est arrivé, représentent l'aboutissement de ses propres réflexions.
Parce que l'histoire des religions est un long combat individuel pour des préceptes et des valeurs qui restent en général communs, que durant son discours d'ouverture de l'année académique 2009 de la faculté pontificale de théologie à Naples, le cardinal Jean-Louis Taurau, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, avait affirmé que grâce aux musulmans, la question de Dieu est revenue dans la société européenne, puisque « ce sont les musulmans qui, en Europe, en tant que minorité significative, ont demandé de l'espace pour Dieu dans la société », tout en soulignant que le dialogue entre les religions est « un risque à courir », puisque la paix et la liberté, les droits de l'homme et la tolérance ce sont des valeurs dont ont rêvées des générations de l'humanité et dont lesquelles ils se sont battus parfois même au péril de leur vie durant des siècles de guerres de religions, car chacun voyait dans ses idées et ses valeurs un moyen indispensable pour résoudre les problèmes qui se posent à lui, alors comme l'homme moderne peut concevoir des valeurs propres à sa religion pour se rapprocher de ses semblables, tout en se reconnaissant comme humain avant tout, loin des appartenances ethniques ou culturelles. Donc l'homme d'aujourd'hui pourra considérer ses valeurs morales issues de sa spiritualité comme le produit de son inspiration, loin du dogme ou des pratiques propres à une confession donnée, parce que chaque croyant en Dieu doit consentir des efforts pour transmettre ses valeurs, dans un cadre qui permettra le rapprochement des hommes entre eux, tout en les rapprochant avec une nouvelle sagesse de discernement. Car le discernement reste pour l'humanité la plus grande des maturités avec l'érudition dans la logique du raisonnement philosophique.


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