Résumé de la 48e partie n Après le départ de Luther Pelham, Pat a des visions, mais elle se ressaisit et se prépare à passer une journée avec le sénateur Jennings, qui doit intervenir au Sénat. Pat avait mis le réveil à 5 heures. A ses débuts à la télévision, elle avait appris que rester calme et garder le contrôle d'elle-même lui permettait de se concentrer sur le travail en cours. Elle se souvenait encore de son humiliation le jour où elle était arrivée hors d'haleine à une interview du gouverneur du Connecticut et s'était aperçue qu'elle avait oublié ses questions si bien préparées. Après l'Apple Motel, elle avait apprécié de se retrouver dans un grand lit confortable. Mais elle avait mal dormi, agacée par le souvenir de la scène avec Luther Pelham. On rencontrait toujours des hommes pour vous faire le gringue habituel dans les rédactions de télévision et certains se montraient vindicatifs lorsque vous les repoussiez. Elle s'habilla rapidement, choisissant une robe en laine noire à manches longues avec une veste en daim. Une fois encore, ce serait une de ces journées de grand vent, froides et grises, caractéristiques de tout ce mois de décembre. Certaines des doubles fenêtres manquaient, et les vitres sur la façade nord de la maison tremblaient sous les assauts du vent qui hurlait au-dehors. Pat atteignit le palier de l'escalier. Le hurlement devint plus intense. Mais à présent, c'était un cri d'enfant. J'ai descendu l'escalier en courant. J'avais horriblement peur, et je pleurais... Un bref étourdissement l'obligea à se retenir à la rampe. Ça y est, pensa-t-elle fiévreusement. C'est en train de revenir. En roulant vers le bureau du sénateur, elle se sentit troublée, la tête ailleurs. Elle n'arrivait pas à chasser la peur irrésistible qui l'avait saisie au moment où sa mémoire s'était réveillée. Pourquoi fallait-il qu'elle eût peur maintenant ? Qu'avait-elle vu du drame survenu cette nuit-là ? Philip Buckley l'attendait dans le bureau lorsqu'elle arriva. Dans l'obscurité du petit matin, il lui parut encore plus hostile à son égard. Que redoutait-il, se demanda Pat. On dirait qu'il me prend pour un espion britannique du temps des colonies. Elle lui fit part de sa réflexion. Le petit sourire froid qu'il lui adressa était dépourvu d'humour. «Si nous vous prenions pour un espion britannique, vous n'auriez même pas pu vous approcher de ces colonies, déclara-t-il. Le sénateur va arriver d'une minute à l'autre. Vous désirez peut-être jeter un coup d'œil sur son emploi du temps pour aujourd'hui ? Cela vous donnera une vague idée de la somme de travail qu'elle accomplit.» Il regarda par-dessus l'épaule de Pat pendant qu'elle parcourait les pages noircies de notes. «En fait, nous allons être obligés de remettre au moins trois de ses rendez-vous. Nous avons pensé qu'en vous installant simplement en observateur dans le bureau personnel du sénateur, vous seriez à même de choisir les moments de sa journée que vous désirez inclure dans l'émission. Evidemment, vous sortirez si elle doit discuter de sujets confidentiels. J'ai fait installer une table dans son bureau à votre intention. Ainsi, vous n'attirerez pas l'attention. — Vous pensez à tout, lui dit Pat. Allons, pourquoi ne pas sourire gentiment ? Vous y serez bien forcé devant la caméra lorsque nous commencerons à tourner. — Je réserve mon sourire pour le moment où je verrai le montage définitif de l'émission.» Mais il parut un peu moins tendu. (à suivre...)