Portrait n Chaque employé est un portrait à dessiner. Celui de Nacéra Haddouche reflète l'évolution de la carrière qui s'offre aux employés de l'hôtel. Elle raconte : «J'ai commencé ma carrière en 1993, au Hilton, où j'ai fait ma formation. Je suis arrivée à El-Djazaïr pour travailler en tant qu'hôtesse de service pendant cinq ans.» Très vite, elle est désignée comme première femme chef de rang. «J'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde, des gens de différentes nationalités, des personnalités politiques, des hommes d'affaires, des ambassadeurs et des diplomates, des touristes, des journalistes, des académiciens et universitaires, des artistes nationaux et internationaux.» Parmi les gens qu'elle a connus dans le cadre de son travail, une équipe du Pnud composée de cinq membres qui ont logé là longtemps, à tel point qu'ils n'étaient plus des clients, mais des membres de la grande famille de l'hôtel. «Il y avait M. Asmould, Américain, M. Koury, Libanais, avec qui nous avons lié de très très fortes relations. Ils nous laissaient le choix de leurs repas.» Nacéra Haddouche décroche une promotion : elle est affectée à la réservation de 1997 à 1999, ce qui lui permet une autre approche du client. «Certains clients résidaient longtemps à l'hôtel, de 1993 à 1999. Je citerai, entre autres, Mouna, une Libanaise fonctionnaire du Pnud, ou encore M. Ostos, Tommy Wakim de la Société générale, M. Cassis… Ils sont très nombreux. Même des nationaux qui arrivaient de différents coins d'Algérie. Il suffisait qu'ils annoncent leur arrivée et leur chambre était prête. Il faut dire que lors de nos carrières nous avons eu la chance d'être formés par des étrangers, des sommités en cuisine et en gastronomie et des chefs pâtissiers», se remémore-t-elle. «Je me souviens de M. De la Gorce qui discutait avec nous tout en prenant son repas. Côtoyer ces clients m'a permis de me cultiver et d'apprendre énormément, autant sur le plan humain que professionnel. Je me rappelle l'équipe de l'ambassade d'Allemagne.» Elle passe ensuite à la gestion des stocks, un autre apprentissage, pendant trois ans. «J'ai découvert l'intérieur de l'hôtel. J'ai été affectée après cela au service du personnel où j'ai appris à mieux le connaître. Enfin, voilà que je suis élue à la tête de la section syndicale et au comité de participation et également chargée de la formation.» Elle confie : «Il m'est arrivé d'être souffrante, mais dès que je sortais pour me rendre à l'hôtel, je n'étais plus malade.», puis de conclure : «Tout ce que j'ai acquis, c'est grâce à cet hôtel.» Il faut avouer que chaque employé de l'hôtel El-Djazaïr est un portrait à lui tout seul : Rezki le bagagiste, Belarbi et Nourredine, tous deux chefs de la restauration, Madani, Bouzenad, Lebbad, la gouvernante générale, Rosa maître d'hôtel, Abdelkader chef du room service, Kamel de la buanderie, Arezki le chef cuisinier, Mustapha le chef boucher, Wang le cuisinier chinois… et tous les autres qui travaillent dans l'ombre et qui font la fierté de l'établissement, ceux qui ne sont pas en contact direct avec la clientèle, mais qui s'occupent de leur linge et de leur bien-être.