Résumé de la 54e partie n Pat reçoit un appel téléphonique de Sam Kingsley alors qu'elle est avec Abigail Jennings ; celle-ci ne perd pas un mot de leur conversation. Pat s'appliqua à répondre d'un ton dégagé. «Je ne le connais pas si bien que cela.» Mais elle ne pouvait se défendre de penser que Sam avait du mal à rester loin d'elle. Elle regarda par la fenêtre, espérant cacher l'expression de son visage. Il faisait presque nuit dehors. Les fenêtres du sénateur donnaient sur le Capitole. Dans la lumière du jour déclinant, le dôme resplendissant encadré par les rideaux de soie bleu nuit, ressemblait à un tableau. «Quelle merveille !» s'exclama-t-elle. Abigail tourna la tête vers la fenêtre. «Oui, c'est vrai, approuva-t-elle. Cette vue à ce moment de la journée me rappelle toujours ce pour quoi je suis ici. Vous ne pouvez imaginer ma satisfaction de savoir que grâce à moi, aujourd'hui, une vieille dame va être soignée dans un hospice convenable, que des gens qui subsistent difficilement auront peut-être droit à un peu plus d'argent.» Une énergie presque sensuelle se dégageait d'Abigail Jennings lorsqu'elle parlait ainsi de son travail, se dit Pat. Et elle pesait chacun de ses mots. Mais il lui vint aussi à l'esprit que le sénateur avait déjà éliminé de ses préoccupations la jeune femme qu'elle avait renvoyée quelques heures auparavant. Pat frissonna en parcourant d'un pas rapide les quelques mètres qui séparaient le Sénat de la voiture. Sam se pencha pour l'embrasser sur la joue. «Comment se sent la grande réalisatrice ? — Epuisée, dit-elle. S'adapter au rythme du sénateur Jennings n'est pas de tout repos.» Sam sourit. «Je comprends ce que vous voulez dire. J'ai travaillé avec Abigail sur un bon nombre de programmes législatifs. Elle n'est jamais fatiguée.» Se faufilant à travers les encombrements, il tourna dans Pennsylvania Avenue. «J'ai pensé que nous pourrions aller Chez Grand-mère à Georgetown, dit-il. C'est tranquille, la cuisine y est excellente et c'est près de chez vous.» Il n'y avait presque personne dans le restaurant. «On dîne rarement à six heures moins le quart de l'après-midi à Washington», dit Sam en souriant tandis que le maître d'hôtel leur proposait de s'installer à la table de leur choix. Tout en buvant un cocktail, Pat lui raconta sa journée, y compris l'incident dans la salle d'audience. Sam siffla. «C'est un coup dur pour Abigail. Vous n'avez vraiment pas besoin d'être mis en fâcheuse posture par l'un de vos collaborateurs. — Une histoire de ce genre pourrait-elle réellement influencer la décision du Président ? demanda Pat. — Pat, tout peut influencer la décision du Président. Une seule erreur peut provoquer votre ruine. Regardez, faites le compte vous-même. S'il n'y avait pas eu Chappaquiddick, Teddy Kennedy serait sans doute Président aujourd'hui. Vous avez aussi le Watergate et Abscam et, pour les années antérieures, les manteaux de vigogne et les congélateurs. C'est sans fin. Tout retombe sur l'homme ou la femme qui tient les rênes. Qu'Abigail ait survécu au scandale provoqué par la disparition des fonds électoraux est un miracle, et si elle avait tenté de couvrir son assistante, elle aurait mis fin à sa propre crédibilité. Quel était le nom de cette jeune fille ? — Eleanor Brown.» Pat se souvint de ce qu'avait dit Margaret Langley : «Eleanor serait incapable de voler. Elle est trop timide.» «Eleanor a toujours affirmé qu'elle était innocente», dit-elle alors à Sam. (à suivre...)