Certains ont prévu d'acheter la carte d'ART, d'autres estiment que son prix équivaut au… Smig. Des hackers tentent de dénicher les précieux codes. Des cafés et des hangars préparent leur lifting et l'Entv continue de négocier. A J-3, les Algériens règlent, comme ils le peuvent, leur montre à l'heure du Mondial. A J- 3, la fièvre du Mondial-2006 monte chaque jour un peu plus. Aujourd'hui, il ne s'agit pas de matches entre bookmakers pour savoir qui des favoris damerait le pion à l'autre et remporter haut la main le titre suprême, mais plutôt de savoir comment trouver la parade pour regarder une Coupe du monde destinée malheureusement, telle une offre commerciale, aux plus offrants. Si l'Entv, par la voix de son directeur général, a fait son «aveu d'impuissance» face au diktat purement commercial de ART, le groupe arabe à capitaux saoudiens et qui détient l'exclusivité des droits de retransmission du Mondial-2006, 2010 et 2014 et si les hackers algériens s'évertuent, jour et nuit, à dénicher, chacun avec sa méthode et son génie, la si précieuse clé du Buda Card menant à TPS, un grand nombre d'Algériens, fous du foot, et pour qui rater un Mondial de football c'est perdre une parcelle de vie, espèrent tout faire dans la débrouille pour voir, quoi qu'il advienne, les matches en direct et en intégralité. Dans cette course effrénée contre la montre, C'est désormais le compter-sur-soi. Il y a ceux qui ont, depuis quelques jours, dépoussiéré leurs vieux décodeurs analogiques à travers lesquels, les chaînes françaises, principalement TF1 et M6, sont toujours au rendez-vous. Mais cette catégorie encourt le risque d'être prise de court dès le lancement du premier événement sportif planétaire, vendredi prochain avec le match d'ouverture Allemagne-Costa-Rica, car l'on ne cesse de crier sur tous les toits que les images des matches seront tout simplement cryptées. L'autre débrouille concerne une catégorie d'amis et ouled el-houma qui, pour éviter toute tracasserie, espèrent, la main dans la main, faire une bonne collecte entre groupes pour acheter la fameuse carte ART, officiellement proposée à 9 900 DA mais dépassant largement les 13 000 DA au marché parallèle, qui se dope lui-même en pareilles circonstances. Ces derniers n'auront qu'à se mettre d'accord pour trouver chez qui ils iront suivre intégralement le Mondial sans risques et en toute quiétude. Le bouillonnement concerne aussi et surtout une caste de propriétaires de cafés populaires et enfin une catégorie de personnes qui, profitant de la fièvre qui monte chaque jour un peu plus, comptent transformer leurs cafés et leur petits hangars en lieu de spectacle quitte à faire payer le prix à une clientèle ciblée composée essentiellement de jeunes qui ne se laissent pas vaincre par le mauvais sort de la non-retransmission des matches. Entre-temps, des milliers de jeunes continuent à entretenir le rêve fou d'avoir enfin le précieux code qui leur permettrait d'être au rendez-vous et ne rater aucun détail croustillant du Mondial allemand. Aujourd'hui, les flasheurs de démos dans les différents quartiers d'Alger et dans les autres grandes villes ont réglé leur montre à l'heure d'un suspense haletant. Les prix de l'opération flashage augmentent et ce n'est pas là, le grand problème car une Coupe du monde, même en l'absence d'un Onze national médiocre, vaut tous les sacrifices.