Certains expliquent ce fait par la coïncidence de l'ouverture de la Coupe du monde avec les épreuves du bac, d'autres jugent par contre que la « monopolisation de l'image sportive par ART a quelque part brisé le charme ». En tout cas, à Zkak-Arabe, quartier populaire et véritable pouls de la chose publique à Skikda, les cafés maures qui y pullulent se disputent presque équitablement la clientèle composée d'habitués de parties de dominos et des mordus de foot. Dans certains cafés, le poste de télévision demeurait éteint hier et seule la résonance des dominos s'y faisait entendre à l'heure même de la retransmission du match opposant l'Angleterre au Paraguay. « Je n'ai pas les moyens pour acheter un démodulateur et une carte, je ne dispose que d'un abonnement collectif, mais l'ensemble des chaînes captées ne passent pas les matches de la Coupe du monde. Néanmoins, je ne me plains pas, mon café ‘'roule'' comme d'habitude », avance l'un des patrons de café. Dans le même quartier, la voix du speaker d'ART tonne dans plusieurs endroits et les commentaires vont bon train, même si on parle beaucoup plus de « l'ingratitude d'ART » que de football. « Il est vrai que je peux suivre dehors les rencontres programmées dans l'après-midi, mais comment faire pour les matchs du soir ? Je ne peux pas veiller dehors tous les jours. On nous a privés de football, que Dieu les en prive », sermonne un jeune chômeur. La sensation d'avoir raté quelque chose au sujet du Mondial allemand reste très présente, malgré le forcing opéré par les autorités locales qui ont déployé beaucoup d'efforts pour satisfaire le public. Des directives ont été données pour équiper en moyens et en cartes ART toutes les institutions publiques. L'APC de Skikda a même acheté un lot de téléviseurs qu'elle a légué aux centres culturels pour assurer la retransmission publique de toutes les rencontres. Quant aux autres habitants de Skikda et mis à part ceux qui ont fini par acheter les cartes ART, le bon vieux système du collectif a été rappelé à la rescousse et les toiles d'araignée de câbles se sont vite tissées. Quant aux cartes, elles se seraient très bien vendues selon un responsable d'Algérie Télécom qui avance que « le premier quota de 2000 cartes attribué à la wilaya de Skikda s'est écoulé au premier jour du Mondial et nous venons de recevoir 2000 autres cartes », en révélant cependant que le dernier quota ne s'était pas encore expiré. Un fait qui témoigne d'un semblant de désintérêt de la population, car il reste à rappeler que la wilaya de Skikda compte de 900 000 habitants et plus de 130 000 ménages. A Skikda, comme certainement dans d'autres villes du pays on semble opter pour la prudence en préférant encore attendre tout en restant aux nouvelles des hackers.