Illusion n «Je suis certain qu'un jour j'aurai la bonne combinaison, je le sens !» C'est ce que pensent la plupart des parieurs. Ils ont une certitude : «Puisque la cagnotte tombera tôt ou tard, pourquoi ne serait-ce pas moi le gagnant ?», explique un parieur qui tente sa chance pour la énième fois. Hocine 55 ans, père de 7 enfants, joue régulièrement depuis 6 ans. C'est son voisin, qui a gagné en 2001 une somme de 50 000 DA au loto en cochant 5 bons numéros sur les 7 ouvrant la porte à la cagnotte, qui a motivé Hocine, devenu un «accro» de la loterie. «Je joue chaque semaine depuis 6 ans, mais je n'ai rien gagné jusqu'à présent ! Moi je crois en Dieu et en la chance», dit-il. Et comme Hocine travaille et gagne bien sa vie, il joue de 10 à 20 grilles par semaine. «C'est-à-dire que je joue 250 à 500 DA par semaine, la grille coûte 25 DA», explique-t-il. Tout le monde connaît M. Hocine à la place du 1er-Mai , surtout les agents de l'Etusa (ex-Rsta) dont les bureaux font face au point de vente où il se rend régulièrement. Ils ont fini par l'appeler «Monsieur Loto» et plaisantent avec lui : «Quand achèteras-tu ta Mercedes, cher ami ? » Les revendeurs de ce point de vente sont devenus ses intimes. «Il a promis de nous faire profiter de ses gains pour partager sa joie, mais moi je désespère… Je pense que le jour J n'arrivera jamais peut-être pour lui !», explique Mourad, colleur de tickets sur les grilles. Les parieurs comme Hocine sont très nombreux, mais ils sont souvent discrets. Quant aux parieurs occasionnels, certains ne savent même pas comment cocher la grille et combien de chiffres. Ils jouent pour la première fois. «Ce sont surtout des retraités soucieux de la situation de leurs enfants chômeurs qui essayent de forcer le destin pour devenir un jour riches», explique un agent de la Loterie nationale de la ville de Aïn Benian. Ces deux dernières semaines, les agents des points de vente ont du pain sur la planche. «Depuis le début de cette semaine, ce sont plus de 100 000 grilles qui ont été déposées à notre niveau», souligne Mourad. Cependant le nombre de grilles jouées varie d'un parieur à un autre. Une grande majorité joue moins de dix grilles ; pour les autres, les habitués, c'est souvent plus d'une vingtaine. Comme il existe deux formules du loto (professionnel et simple) les gens préfèrent jouer celle dont la cagnotte est la plus importante. C'est le cas, cette fois, pour le «professionnel» qui a atteint la somme de 3,8 milliards de centimes contre plus de 600 millions de centimes pour la grille simple. «Tout le monde a pratiquement oublié cette formule alors qu'elle était la plus prisée avant», explique un parieur.