Foule n Dès 8 heures du matin, des dizaines de personnes se pressent devant les bureaux agréés du PSA ; on y trouve des jeunes, des vieux, des enfants et même des femmes. «Depuis deux semaines, c'est pratiquement comme cela ; tout le monde espère décrocher le gros lot, c'est d'ailleurs légitime», souligne un revendeur des produits loto à la place Emir-Abdelkader à Alger. Dès l'ouverture des bureaux, une foule s'agglutine pour remplir les grilles sur place. D'autres, plus pratiques, ont déjà rempli leurs feuilles chez eux. «Qui peut rater une chance pareille ? Il s'agit de milliards, mon frère !», crie un jeune de 25 ans qui dit jouer pour la quatrième fois depuis le début de l'année, c'est-à-dire depuis que la cagnotte a atteint les 3 milliards. Ce dernier reconnaît cependant qu'il cesserait de jouer si cette somme trouvait preneur dans les semaines à venir. Un sexagénaire, qui tient un paquet de grilles, demande un stylo à un autre parieur, qui lui répond : «Désolé, j'ai une vingtaine de grilles à cocher et je suis pressé.» Ce dernier, intimidé, lui répond : «Pour celui qui veut s'enrichir, l'année est longue !» Et à l'autre d'enchaîner : «Le destin n'est pas en ta possession c'est Dieu qui commande…» L'agent du point de vente ne cesse de demander la monnaie aux gens : «SVP, je n'ai pas de monnaie, ceux qui n'ont que des billets doivent patienter.» Ce dernier n'a même pas le temps de regarder ses clients en face, il est occupé à coller les tickets sur les vignettes, tout en utilisant une calculatrice posée devant lui. «Ces dernières semaines, je l'utilise sans arrêt , il y en a qui jouent des dizaines de grilles, je dois vérifier le montant» explique-t-il. Il est dix heures et le bureau est toujours plein. Le jeune agent est fatigué. Quelques instants après, il ferme le guichet et sort prendre un café. Les parieurs s'indignent, mais ne quittent pas les lieux. Cinq minutes plus tard le buraliste revient, surpris de trouver encore plein de monde. «Je vous souhaite bonne chance en tout cas», lance-t-il avant de rejoindre son siège.