Hamid Kheldoun estime que l?avènement de nouveaux jeux apprend beaucoup de choses aux enfants à la seule condition de bien les orienter InfoSoir : L?enfant apprend la vie par le jeu. Partagez-vous cet avis ? Hamid Kheldoun : Oui tout à fait, le jeu est un élément fondamental dans la constitution de la personnalité de l?enfant. Ce dernier a impérativement besoin d?espace pour extérioriser ses désirs et ses pulsions. A travers les jeux mis à sa disposition, il commence à s?imprégner du monde des adultes qui l?entourent. Il a besoin aussi d?espace pour vivre pleinement ses premiers balbutiements dans ce monde. Les jeux font, dès lors, partie intégrante de sa personnalité. L?en priver, c?est le forcer, peut-être, à vivre plus tard avec une personnalité un peu handicapée. Pourquoi les jeux d?antan, comme la marelle, la «bouita» (la dînette) pour les filles et autres ont carrément disparu ? A chaque période, ses spécificités. L?évolution dans les rapports de la société et dans ce que produisent les conglomérats de l?audiovisuel a fait que les enfants ont changé d?attitude dans la perception des jeux ; l?absence des aires de jeu et des terrains vagues et l?avènement de nouveaux mass média, surtout les chaînes de télévision numériques et l?Internet, ont fait apparaître une nouvelle perception de jeux. Avant les années 1990, le taux d?antennes de la télévision était quasiment nul. Les enfants avaient tout le temps, après l?école, de s?adonner à des jeux de groupe. Maintenant, la télévision a repris les rênes. Il existe des dizaines de chaînes thématiques et des centaines d?épisodes de dessins animés en continu. Et avec les jeux de réseaux dans les cybercafés et même à la maison, on peut dire que l?enfant tend à se forger sa propre personnalité sans avoir comme référence des gens de son entourage. Ses références sont les héros des dessins animés, des jeux de réseaux et d?Internet. Ainsi, donc, la mondialisation touche aussi les enfants? En s?adonnant à ses nouveaux jeux, essentiellement ceux téléchargés de l?Internet, l?enfant algérien ressemble à un enfant pakistanais, allemand ou américain, car en opérant les mêmes gestes, en consommant les mêmes produits, il aura forcément les mêmes idées, les mêmes pensées et donc la même personnalité. Effectivement la mondialisation touche aussi les enfants, les adultes de demain même avec comme toile de fond, une violence à l?excès.