Khalti Taous, 67 ans, évoque la marelle avec nostalgie. «Ah ! le bon vieux temps , nous les filles, nous jouions tous les après-midi dans la terrasse de la voisine. A l?école, pendant la récréation aussi et c?était magnifique, magnifique», s?exalte-t-elle, assise sur son tabouret épiant les gestes de son petit-fils de 5 ans qu?elle garde, car maman et papa sont au travail. «Tenez, et si vous lui appreniez la marelle», lui a-t-on proposé. «Bouh? la marelle à ce turbulent ? Il est bon pour Internet comme ses deux grands frères», répond-elle en tapant sur les fesses du petit. «Il y avait aussi la bouita pour les filles. Nous avions beaucoup de plaisir à ranger tout objet qui nous tombait entre les mains», ajoute-t-elle en donnant l?air d?être retournée en enfance l?espace d?un brin de causette. Et d?enchaîner : «En plus de la marelle et de la bouita, notre jeu favori était aussi la corde. Sur la terrasse, j?étais la meilleure, je faisais jusqu?à quatre-vingts sauts.» Et les garçons ? «Les garçons avaient leur propre jeu. Le zerbout (la toupie), les billes et le cerceau étaient leur dada. Rares d?ailleurs étaient ceux qui jouaient à la marelle, c?était un jeu de fille.» Khalti Taous s?arrache à ce passé avec un air pensif pour replonger dans le présent. «Quand je vois mes petits-fils jouer avec l?ordinateur, je me dis qu?ils n?ont pas la même chance que nous qui avions, la liberté, la joie de vivre, l?air frais. Mais je me dis aussi que nous n?avons jamais eu cette chance de manier un ordinateur», conclut la vieille qui nous a carrément déroutés par cet aveu philosophique.