Les acquis en matière des droits de l'homme en Algérie ont été qualifiés de «substantiels» par Me Farouk Ksentini. «Les choses avancent à la faveur de la très profonde réforme de la justice même s'il est reconnu de notoriété publique qu'il est difficile de faire sauter certains verrous», a fait valoir ce matin lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III, le président de la Commission nationale de la promotion et la protection des droits de l'homme (Cnppdh). A propos de l'Etat d'urgence, l'intervenant dira «que les droits de l'homme sont une substance fugace et volatile qui demandent une vigilance ininterrompue. Il est évident que sur papier l'Etat d'urgence est susceptible d'apporter beaucoup de restrictions en matière de liberté individuelle sauf que les dispositions de l'Etat d'urgence ne sont pas appliqué pratiquement à 90%». Du coup, comme il tend à le souligner, elles ne gênent en rien la liberté d'expression, la liberté de vote et la liberté de circuler «mais par précaution, tant que le terrorisme n'a pas été éradiqué totalement il est prudent de garder cet arsenal juridique qui ne sert qu'à combattre le terrorisme», a-t-il argumenté tout en soulignant que «ce n'est pas un texte dirigé contre les citoyens mais c'est un arsenal juridique qui a été mis pour permettre à l'Etat algérien de lutter efficacement contre le terrorisme». Concernant le dossier toujours d'actualité des disparus dont le nombre officiel est estimé à 6 140 et qui a connu récemment un nouveau tournant avec la brusque réapparition de 183 d'entre eux, Ksentini avouera que «l'état d'insécurité qui a longtemps sévi en Algérie a poussé certains de nos compatriotes à s'expatrier clandestinement et à couper toute relation avec leurs familles». Celles-ci avaient finalement considéré que ces personnes avaient été enlevées ou disparues. En fait, «la réalité c'est qu'elles étaient réfugiées dans plusieurs pays européens, notamment. Maintenant que les choses sont revenues à la normale et que la réconciliation nationale a aplani toutes les difficultés, ces personnes, au nombre de 183, se sont manifestés et maintenant il va falloir les barrer de la liste des disparus tout en leur permettant de profiter des dispositions de la charte nationale», précisera-t-il non sans écarter l'hypothèse de «réapparition en masse d'exilés dans un futur proche». Au sujet des 25 Algériens détenus à Guantanamo, Farouk Ksentini dira que le fait que le pénitencier est une affaire de non-droit «tout se passe actuellement dans l'opacité la plus totale». «Nous n'avons pas pu entrer en contact avec les Algériens détenus dans la base américaine et leurs familles trouvent les pires difficultés à recevoir leur courrier. Il faut reconnaître tout de même que ces familles ont réussi à désigner un avocat qui a pu leur rendre visite à plusieurs reprises».