Constat n La plupart des Algériens détenus dans la prison américaine de Guantanamo sont innocents et leur détention est abusive et arbitraire, selon Maître Ksentini. Interrogé lors de son passage, ce matin, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale sur l'emprisonnement d'Algériens à Guantanamo, Me Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative des droits de l'homme a indiqué que la plupart de ces détenus dans cette prison ont été jugés en Bosnie et relaxés, à leur sortie du tribunal bosniaque qui les a totalement innocentés. Ils ont ensuite été appréhendés par les forces américaines et transférés à Guantanamo. Leur arrestation n'était fondée sur aucune base juridique ou accusation claire. A Guantanamo, ils sont restés dans des conditions extrêmement pénibles pendant plus de 4 ans. «Lorsque deux des 17 détenus ont été remis à l'Algérie à leur demande, on n'a rien découvert dans leurs dossiers, donc la juridiction algérienne et le tribunal criminel algérien ont décidé de leur acquittement», a expliqué Me Ksentini. «On ne peut pas construire la culpabilité de quelqu'un sur aucune base juridique», a-t-il affirmé. «Je regrette que ces Algériens aient connu une détention excessive, abusive et extrêmement rigoureuse à Guantanamo pendant de longues années», a ajouté Me Ksentini. Sur les 17 Algériens détenus dans cette prison, 13 y sont toujours. Interrogé sur la possibilité de poursuivre l'administration américaine en justice vu que ces détentions sont arbitraires, Me Ksentini a répliqué qu'il est possible de le faire, toutefois, ce ne serait pas facile, car il faudrait aller aux Etats-Unis et constituer un avocat américain, la procédure est longue. Selon lui, cela coûte très cher. Mais ne serait-ce que pour le principe, les parents des victimes ont le droit de le faire. «A mon avis, ils obtiendront une indemnisation parce que les détenus ont souffert.» Interrogé sur le nouveau statut de la commission nationale consultative des droits de l'homme, Me Ksentini a souligné que le texte a été adopté le 29 septembre dernier par le parlement. Ce nouveau statut intervient après la mise à niveau exigée par le Comité international de coordination (CIC) qui menaçait de retirer l'accréditation de la commission nationale. Rappelant que la commission établit un rapport chaque année sur la situation des droits de l'homme, Me Ksentini a annoncé que le rapport de cette année sera remis au chef de l'Etat à la fin de l'année en cours ou au début de l'année 2010. Interrogé sur les droits de l'homme, Ksentini a indiqué qu'ils vont mieux en Algérie. «Il y a des progrès qui sont apportés chaque année en la matière. Les droits de l'homme sont une culture, il y a des verrous partout qu'il faut faire sauter. C'est toute une culture qu'il faut répandre», a estimé Me Ksentini. Les choses vont, selon lui, dans la bonne direction mais ne vont pas aussi vite qu'on pouvait l'espérer.