Dans son discours devant le gouvernement et les walis, le Président a évoqué, en termes très sévères, le cas de ces Algériens qui, tout en occupant de hautes responsabilités, ont cherché à obtenir la double nationalité. Evoquant le cas toujours épineux, des binationaux, le Président de la République a qualifié de scandaleux le fait que «des Algériens fassent la queue dans les consulats dans les pays étrangers pour avoir un visa sur leur passeport». Citant l'exemple de la Mauritanie qui radie de facto tout Mauritanien ayant opté pour une nationalité différente, il a vraisemblablement sonné le glas de la double nationalité. «L'Algérie appartient aux Algériens et ceux qui ont la double nationalité doivent impérativement assumer leur choix et aller vivre ailleurs», a fait savoir Bouteflika sans pour autant préciser s'il est programmé une révision du Code de la nationalité en vigueur depuis 1968, ou si les binationaux se verront interdire la délivrance d'un passeport algérien. Le président a affirmé que ceux qui ont opté pour une nationalité étrangère sont libres de leur acte, mais «l'Etat va désormais se comporter avec eux exactement comme s'il s'agissait d'étrangers». Dans ce registre précis, le premier magistrat du pays s'est emporté contre l'idée «bizarre» fortement répandue par le passé selon laquelle les Algériens avaient le choix entre «passer leur service national ici ou ailleurs». Dans son réquisitoire, le président a, dans des termes à peine voilés, fustigé des hauts responsables détenteurs de passeports étrangers et aussi de simples citoyens qui sont loin de savoir que «ces pays étrangers ne reconnaissent pas la politique de l'intégration». Cette brusque montée au créneau intervient, faut-il le rappeler, au lendemain de l'annonce faite le 14 juin dernier par le consul général de France à Alger, Francis Heude, lors d'une conférence de presse, selon laquelle 100 000 demandes de nationalité française ont été présentées par des Algériens pour la seule année 2005. Mais selon le consul général, «moins d'une centaine seulement de ces demandes ont connu un aboutissement favorable». Abordant un autre volet, Bouteflika dira, s'adressant cette fois aux walis : «Il ne faut jamais bâcler le travail. Le peuple doit tout savoir, tant l'argent mis sur la table est énorme», ajoutant «Nous devrons impérativement tenir nos promesses, autrement les choses ne changeront pas d'un iota», a-t-il précisé. Abdelaziz Bouteflika ajoutera que «ceux qui ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité seront écartés». Pour cela, le Président appelle au changement des mentalités en s'attaquant d'emblée au premier fléau «la corruption qui gangrène l'économie». Il a estimé aussi que les walis seront impliqués davantage dans la gestion des affaires publiques. «Je veux des comptes sur tout ce qui se fait. Il faut que vous vous impliquiez davantage et évitiez les comportements négatifs. Il faut que vous soyez une source de propositions», leur a-t-il signalé non sans oublier d'adresser un message aux Algériens. «C'est vous et vous seuls qui choisissez vos élus. Faites-le en veillant sur les critères de l'intégrité et de la compétence», a recommandé le Président de la République.