Résumé de la 5e partie n Toute la nuit, on attend vainement Hamid. Les autorités sont informées de sa disparition et, au petit matin, son père et ses deux frères reprennent les recherches. Ils ne reviennent qu'à la fin de la matinée, épuisés et bredouilles. — Nous avons cherché partout, dit Zoubir, mais partout ! Nous avons fouillé toute la forêt ! — Il est mort ! dit Yamina, j'en étais sûre ! Zoubir s'emporte : — Comment peux-tu être sûre alors qu'aucun corps n'a été retrouvé ? — Les chacals l'ont emporté ! — On aurait retrouvé des traces... La grand-mère, jusque-là atterrée, parle : — On l'a peut-être enlevé, dit-elle. — J'y ai pensé, dit Zoubir. Mais ceux qui enlèvent les gens n'enlèvent pas les enfants de cet âge ! Il leur sera d'aucune utilité ! — C'est peut-être pour demander une rançon... Zoubir hausse les épaules. — Une rançon ? Tout le monde sait que je suis pauvre... Notre seul espoir reste les gendarmes... Peut-être qu'eux, avec les moyens dont ils disposent, vont le retrouver. Mais ni ce jour-là ni les jours suivants on ne retrouva Hamid. Même pas une trace de lui : c'est comme s'il s'était volatilisé. Les jours, les semaines et les mois passent. Au village on a oublié le petit, seule sa famille continue à se rendre régulièrement au poste de gendarmerie pour prendre des nouvelles. La vieille grand-mère, inconsolable, est morte, une année après, de chagrin. Yamina a dû se faire une raison et comme pour prendre une revanche sur le sort qui lui a pris son petit, elle a eu un autre enfant, un garçon. Elle voulait le prénommer Hamid, mais Zoubir a refusé : «On n'a aucune preuve que Hamid soit mort», a-t-il dit. Dix années ont passé. Hakim, l'aîné des garçons, s'est marié et on cherche une fiancée à Mohamed. Yamina, elle, porte toujours le deuil de son petit garçon et son seul regret est de ne pas avoir une tombe sur laquelle elle pourrait se recueillir. — Mon pauvre petit a fini dans le ventre des chacals ! dit-t-elle. On ne retrouvera jamais sa dépouille. Mais elle se trompe. Un jour, des gendarmes viennent appeler Zoubir. On a déblayé un vieux puits abandonné et retrouvé au fonds le squelette d'un enfant. Zoubir reconnaît aussitôt les vêtements de Hamid et son cartable. — Il est tombé dans le puits ? demande-t-il. — On l'y a jeté, après l'avoir tué ! Le crâne est, en effet fracassé, et la pierre qui l'a tué est dans le puits, avec du sang séché dessus. — Qui ? demande Zoubir. La vérité, on la saura après l'enquête : Tahar est bien rentré ce jour-là avec Hamid, les deux enfants s'étaient bien disputés et Tahar a frappé son petit compagnon ; le voyant inanimé, il s'est affolé. Il a alors jeté le corps ainsi que la pierre avec laquelle il l'a frappé dans le puits désaffecté...