Hier, à l'occasion de la tenue des deux premiers quarts de finale du Mondial allemand, la Fifa a mis le paquet en matière de marketing en mettant en avant la campagne anti-racisme dans le football. Une proclamation de foi contre cet abominable fléau est lue par les deux capitaines, Ballack et Ayala, puis une photo des deux équipes ensemble derrière un grand écriteau : Say, no to racism. La même mise en scène est reproduite au cours du second match entre l'Italie et l'Ukraine à Hambourg auquel a assisté Franz Beckenbauer, accompagné de sa nouvelle épouse, venu par vol direct de Berlin. La Fifa met en vigueur, à partir d'aujourd'hui, 1er juillet 2006, de nouvelles dispositions destinées à lutter contre tout comportement discriminatoire dans les stades. Contenues dans l'article 55 du code disciplinaire de la Fifa, elles stipulent : «Celui qui, publiquement, rabaisse, discrimine ou dénigre une personne d'une façon qui porte atteinte à la dignité humaine en raison de sa race, de sa couleur, de sa langue, de sa religion ou de son origine ethnique, ou qui a un comportement discriminatoire et/ou inhumain envers autrui, sera suspendu pour, au moins, cinq matchs. L'autorité prononcera également une interdiction de stade et une amende d'au moins 20 000 francs suisses (12 820 euros).» Des mesures sont également prises contre le comportement hostile des supporters, que ce soient à travers des slogans, chants, cris (de singe) ou banderoles portant des propos ou des allégations racistes. Par ces mesures, la Fifa veut frapper un grand coup et soigner son image de marque et celle d'un football quelque peu égratigné par le livre du journaliste anglais Andrew Jennings, Carton rouge, et le scandale qui secoue en ce moment le Calcio, dont le procès «Moggi» s'est ouvert jeudi dernier dans les salons feutrés du stade Olympique de Rome. Sous le poids du spectacle et du jeu, le livre de Jennings s'est quelque peu éclipsé durant le Mondial, mais il est certain qu'il reviendra à l'affiche une fois les feux des projecteurs éteints, compte tenu des dessous troublants de la Fifa. Les mesures pour lutter contre le racisme sont les bienvenues dans un football attaqué de toutes parts, mais elles ne doivent pas cacher les autres dessous liés au pouvoir de l'argent, des médias et de l'affairisme qui pourrissent ce sport qu'on dit populaire et planétaire, mais qui, en réalité, n'appartient plus ni aux peuples ni aux plus démunis. Le scandale des images spoliées et des droits télé vendus aux magnats des médias sont là pour nous rappeler que la discrimination peut sévir sous d'autres facettes, au nom de la mondialisation et de l'économie de libre marché. Ne nous voilons pas la face.