A la demande de l'Union africaine (UA), le Sénégal a finalement accepté de juger sur son territoire l'ancien président tchadien Hissène Habré, exilé à Dakar et poursuivi pour crimes contre l'humanité. «Nous avons pensé que le Sénégal était le pays le mieux placé pour le juger et je pense que nous ne devons pas fuir notre responsabilité», a déclaré M. Wade en marge du sommet de l'UA à Banjul. Chargés par le Sénégal de trancher la question, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'UA ont planché à Banjul sur trois options proposées par le comité d'experts africains mandaté lors du dernier sommet de Khartoum en janvier. Les experts avaient retenu, dans l'ordre, un procès devant la justice sénégalaise, le renvoi de l'ancien président tchadien devant un tribunal de son pays ou son jugement devant la Cour africaine des droits de l'Homme. M. Wade s'est finalement rangé aux recommandations de ses pairs de l'UA, estimant que «les Africains doivent être jugés en Afrique». Réfugié au Sénégal, l'ancien chef de l'Etat tchadien, 63 ans, a été le troisième président de son pays en conquérant le pouvoir par les armes en 1982 avant d'en être chassé en 1990, par les armes. Une «commission d'enquête sur les crimes et détournements» commis durant les années Habré, créée après sa chute, a estimé à plus de 40 000, dont 4 000 identifiées nommément, le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées au cours des huit années de sa présidence.