Résumé de la 5e partie n Sidi Ali, se rappelant son pèlerinage, décide de partir. Pour arriver à temps à La Mecque, il ira à dos de chameau, et non à pied comme prévu au départ. Il part donc à l'aube, après avoir fait ses adieux à Sidi Bouzid. «Allez, à la grâce de Dieu !», dit-il. Il pousse le chameau dans la direction du Levant, mais la bête refuse d'avancer, pointant son long cou en direction du couchant. — Par là, dit Sidi Ali contrarié ! La bête finit par obéir et elle va en direction de l'Est. Bientôt on arrive devant l'oued Taouzara qui charrie, en cette période de l'année, des eaux abondantes. Il faut le traverser pour continuer le voyage. Mais le chameau, arrivé sur la berge, s'arrête. — Allez, dit Sidi Ali, en tirant sur les rênes. Mais comme tout à l'heure la bête refuse d'avancer. — Va, va, dit Sidi Ali, tu n'as pas à avoir peur ! Mais le chameau pointe son cou en arrière, comme s'il voulait demander au saint homme de rebrousser chemin ! — Avance, avance ! Mais il a beau tirer sur les rênes, le chameau refuse d'entrer dans l'eau. — Tu vas avancer, oui ou non ! Il tire si fort que l'animal se cabre. Sidi Ali, désarçonné, perd l'équilibre et tombe. Il ressent une grande douleur au pied et quand il veut se relever, il n'y parvient pas. Il s'est fracturé un membre. Le chameau s'est mis à brouter paisiblement l'herbe qui pousse au bord de l'oued, tandis que Sidi Ali, mal en point, gît à quelques mètres de là, geignant et se lamentant. C'est là que vont le retrouver, quelques heures après, des bergers qui gardaient leurs moutons dans les environs. — Hélas, leur dit-il, j'avais prévu de me rendre en Terre Sainte pour effectuer le pèlerinage, mais Dieu en a décidé autrement. Ramenez-moi auprès de Sidi Bouzid. On le reconduit donc auprès de Sidi Bouzid qui est étonné de le revoir et en piteux état. — Dieu, lui dit-il, a décidé que je reste encore quelque temps avec vous ! — Les voies de Dieu sont impénétrables, dit Sidi Bouzid. Nous te soignerons et tu resteras parmi nous ce que Dieu aura prescrit que tu restes ! Il fait venir les médecins les plus versés dans l'art de réparer les fractures qui lui placent des attelles et lui demandent de se nourrir de lait, de beurre et de miel, aliments qui, comme chacun le sait, aident les os brisés à se reconstituer et à se fortifier. Tandis qu'il est encore convalescent, Sidi Bouzid lui confie l'éducation de ses deux fils auxquels il va enseigner les sciences qu'il maîtrise. Et pour se l'attacher encore plus, il lui propose sa fille en mariage. Comme elle est jolie et très intelligente, Sidi Ali accepte. La tradition diverge sur le sort de son pèlerinage : si pour certains, il a fini par l'accomplir, pour d'autres, il y a renoncé, voyant dans les retards et l'accident un signe d'opposition du ciel à son projet... On s'accorde à dire que le saint est demeuré longtemps auprès de son beau-père... (à suivre...)