Résumé de la 2e partie n Une famille disloquée et meurtrie dans sa chair, Vincente accuse son ex-femme d'être responsable de la mort de leur fille Pilar. Il l'accuse d'homicide volontaire. Mais étant donné les circonstances, on lui fait gentiment comprendre que sa plainte est irrecevable. Frustré et décidé à venger Pilar, Vincente cherche une solution : Comme si vous y étiez lui semble alors une voie possible. Deborah est aussi de cet avis. Elle prend rendez-vous avec lui dans un bar de F., la ville du drame, pour mettre sur pied une séquence «haute en couleur». Quoi de plus télégénique que la douleur d'un Cubain prêt à tout pour venger sa fille ? D'autant plus que, lors de ce rendez-vous, elle constate avec une certaine jubilation intérieure que le gardien d'immeuble, encore tout fiévreux de colère, se promène avec un gros revolver glissé dans la poche intérieure de sa veste. Deborah pressent, avec un instinct journalistique très sûr, qu'il pourrait y avoir là la semence d'un peu d'«action» télévisuelle... Elle propose à tout hasard de filmer Vincente, au moment où il déposerait une couronne de fleurs, payée par la chaîne de télévision, sur la tombe toute fraîche de Pilar. Tombe ornée, selon la coutume latine, d'une photo émaillée de la pauvre gosse. Belles images en perspective. D'autant plus que, si Deborah a bien compris, Margarita, elle aussi effondrée par la perte de sa fille, se rend chaque jour sur la tombe. Une supposition que Margarita et Vincente se rencontrent là, comme par hasard. Est-ce que cela ne ferait pas une bonne séquence «en direct» ? A défaut de résoudre les problèmes de Vincente dont, après tout, Deborah se fiche complètement, cela pourrait donner une «tranche de vie» assez «saignante»... Saignante en effet. L'heure venue, tout se passe comme prévu. Vincente, brisé par le chagrin, dépose la gerbe sur la tombe de Pilar. Le cameraman ajuste son zoom pour saisir les larmes qui dégoulinent le long de ses joues viriles. Deborah, micro en main, fait les commentaires appropriés pour émouvoir les populations jusqu'en Californie, à l'autre bout du continent. Soudain, comme elle l'espérait un peu, une voiture s'arrête non loin de là. C'est Margarita qui en descend, comme chaque jour, tout de noir vêtue. Deborah, dans un excellent réflexe, se précipite vers elle pour lui poser les questions qui s'imposent, télévisuellement parlant s'entend. Margarita, surprise par la présence de la télévision, repousse toute interview : elle n'est pas venue pour ça... qu'on la laisse seule avec son chagrin. Obéissant aux instructions de Deborah, le cameraman repasse sur Vincente. Celui-ci, qui était agenouillé sur la tombe, s'est relevé prestement. Il court à présent vers Margarita. La caméra tourne, tourne, le micro enregistre tous les bruits, le souffle rauque de Vincente, les objurgations de Margarita : «Laissez-moi tranquille, laissez-moi.» Tout est enregistré, la main de Vincente qui brandit le revolver qu'il tenait glissé sous son blouson, les déflagrations, Margarita qui tombe, son crâne qui éclate sous les balles qui continuent à la frapper, les sursauts de son corps sans vie sous l'impact des projectiles... l'effondrement de Vincente qui pleure à chaudes larmes dès qu'il a accompli l'irréparable. A l'heure dite, la chaîne TLO diffuse, après des précautions et des avertissements qui sont autant de messages publicitaires destinés à faire monter l'audience, à conquérir un maximum de «parts de marché», les images qui vont être «insoutenables» «déconseillées aux âmes sensibles», de ce «reportage» vraiment très réussi et digne de rentrer dans les annales de la bassesse médiatique.